mardi 18 novembre 2014

LE CINÉMA MAROCAIN BRIÈVEMENT EXPLIQUE A MONSIEUR JACK LANG



 LE CINÉMA  MAROCAIN  BRIÈVEMENT EXPLIQUE A  MONSIEUR JACK LANG

Cher monsieur Jack Lang

Votre implication sincère pour la réussite de la grande manifestation culturelle, Le Maroc contemporain à l’Institut du Monde Arabe, a dû accaparer votre temps ainsi que votre énergie, et ce depuis plus d’une année et demie. C’est pourquoi je pense que la lettre ouverte que je vous ai adressée le 12 octobre dernier a été victime d’une lecture hâtive, comme me le donne à croire votre réponse que madame Léa Malpart m’a envoyée par courriel, le 10 novembre. 
Quand vous me dites dans votre réponse à ma lettre ouverte que le réalisateur du film : FIEVRES, est un Marocain qui a fait un film marocain, sélectionné et présenté au 14ème Festival National du Film Marocain, permettez-moi de vous rétorquer que Hicham Ayouch, le réalisateur de FIEVRES, est un français, comme l’est son frère aîné Nabil Ayouch à qui vous avez donné Carte Blanche pour présenter au  Musée du Louvre trois de ses films, des films français, c'est-à-dire des produits, pensés, écrits, produits, mis en scène, photographiés, montés, sonorisés et mixés par des techniciens français. Certes, Nabil Ayouch et Hicham Ayouch sont Marocains par leur père, mais ce n’est pas la goutte de sperme qui donne la nationalité à tout être humain qui naît de la rencontre entre un spermatozoïde et un ovule, tombés amoureux, l’un de l’autre.
Personnellement, je pense que c’est la langue maternelle, la langue parlée, la langue écrite, la langue pensée, la culture, les arts, les musiques, les us et coutumes, les folklores, les traditions qui exaltent la liberté et la dignité, ainsi que l’air, les couleurs du ciel, de la mer et les montagnes, autant d’éléments biologiques et cérébraux qui façonnent, dès notre naissance, notre citoyenneté, notre nationalité notre identité nationale et notre amour de la patrie.  
Rochdi Zem et Ismaël Farroukhi, qui sont Français et fiers de l’être, ont vus leurs films OMAR M’A TUER et DES HOMMES LIBRES, deux films français, sélectionnés d’office par le directeur général du Centre Cinématographique Marocain pour être présentés d’office, en tant que films marocains, à la compétition officielle au 12ème Festival National du Film Marocain. J’AI VU TUER BEN BARKA de Serge Le Péron a été baptisé film marocain par la volonté du directeur général du Centre Cinématographique Marocain. LA SOURCE DES FEMMES, film français, projeté en compétition au Festival de Cannes 2012, a vu la diffusion de sa bande-annonce par les télévisions marocaines, parce qu’il a été baptise film marocain par la baguette magique du directeur général du Centre Cinématographique Marocain. Il en a été de même des films de cinéastes belges et hollandais, d’origine marocaine, présentés d’office à la compétition officielle des six derniers Festivals du Film Marocain.
Derrière cette stupide et ridicule mascarade qui consiste à travestir des films français bien faits, en films marocains bien très réussis,  se cache un véritable mépris de la part du directeur général du Centre Cinématographique Marocain envers le film marocain, qui est écrit, produit, décoré, habillé, interprété, photographié, réalisé, monté, sonorisé et mixé uniquement par des artistes et des techniciens marocains. Honni soit qui, nationalisme, chauvinisme, tribalisme, y pense.
Le budget de l’avance sur recettes à la production de films marocains est de soixante millions de dirhams, (cinq millions six cent mille euros),  par an. C’est à peine le budget pour la production d’un film français. Or, sur ces soixante millions de dirhams, dont le tiers va aux cinéastes étrangers d’origine marocaine, sur les cent cinéastes marocains indigènes, seuls vingt pistonnés, décrocheront l’avance sur recettes pour pondre un petit film trois ou six ans après, comme c’est le cas du film français LE VEAU D’OR,  réalisé par quelqu’un qui ne met les pieds au Maroc que pour empocher l’avance sur recettes.
Ainsi, le Maroc, où jamais n’a poussé un seul producteur de films, arrive, grâce à cette maigre avance sur recettes, à accoucher, bon an mal an, de trois à quatre films, des films dont quelques uns sont intéressants à voir comme c’est le cas de  Assamt Almakhfi  de Kamal Kamal, que vous programmez dans le cadre de cette belle manifestation culturelle qu’est Le Maroc Contemporain à l’Institut du Monde Arabe, ce bel Institut où, en janvier 2000, j’avais présenté trois de mes six films. J’avais été chaleureusement et fraternellement invité par mon ami Taj-Eddine Baddou, le très élégant et très raffiné Commissaire marocain pour  L’année du Maroc en France, de janvier 1999 à janvier 2000.
Côté français, le Commissaire n’était autre que Frédéric Mitterrand qui offrit « Versailles » à Nabil Ayouch  pour lui permettre de réaliser son premier spectacle, un SONS ET LUMIERES pour l’inauguration  de L’ANNEE DU MAROC EN France.
Que la plus  belle des réussites vous accompagne.

                                                                           Rabat, 14 novembre 2014 
                                                                           Nabyl Lahlou