LA VOLUPTÉ ET LA LOURDEUR
Milan
comme Marrakech commence par la lettre M. Si le merveilleux, le féérique,
l’envoûtant, le magnifique, le beau, le très beau, le sensuel et l’enivrant, sied
comme de grands tableaux de peinture aux grandioses tableaux de danses que Le Ballet
National de Milan présenta au Théâtre National Mohammed V, dans le spectacle de
la Compagnie O de Marrakech, la solitude, la tristesse, la misère et la
déchéance de la femme et de son corps, vieillis, parce que privés d’amour et de
plaisir, trainent comme des sacs remplis de ciment sur les planches de la salle
Bahnini du ministère de la Culture. Si les beaux et magnifiques danseurs et
danseuses du ballet national de Milan m’ont
donné un grand plaisir visuel à travers
leurs chorégraphies d'une pure beauté et d'une grâce esthétique paradisiaque,
baignant dans une sobriété et simplicité que Verdi et d'autres grands
compositeurs élevaient à une sensation métaphasique suprême, les quatre
bonnes femmes de la Compagnie O me faisaient pitié en les voyant se mouvoir
avec leurs corps flasques et enlaidis par l’âge et le poids de leur ancien
statut de Chikhates, de chanteuses et de danseuses dans les cabarets
populaires.
Si
je n’ai pu aller saluer le metteur en scène Carlos et les danseurs et danseuses
du Ballet National de Milan, que l’ambassadeur d’Italie, un chauve, magnifiquement
grand et mince, présenta au public de
Rabat comme étant les vrais ambassadeurs de l’Italie (m’entendez-vous ambassadeurs
de Sa Majesté le roi !), grâce au sympathique directeur de l’Institut
Français de Rabat, qui m’invita prendre un pot à la terrasse de l’institut, qui
donne sur la Cathédrale (vive la liberté de penser et de voir), j’ai fait la
connaissance de Bouchra Ouizguen, danseuse étincelle, et des quatre bonnes femmes
que les agents de sécurité de l’Institut Français de Rabat n’avaient pas laisser entrer pour le pot, car
elles étaient habillées en djellabas ternes et fripées, à l’image des vieilles
femmes de ménage, ou de celles femmes qui cherchent du travail comme bonnes.
Ces
quatre femmes sont aux nues car elles vont bientôt voyager en Europe et en
Amérique latine pour exhiber dans des festivals leurs corps, lourds de
tristesse et de désolation, que vient secouer, de temps en temps, l’étincelle
de la Compagnie O, j’ai nommé Bouchra Ouizguen, qui doit se battre pour porter
son travail à la connaissance du grand public marocain populaire, car elle lui
permettra de voir une autre forme de spectacle.
Puisse
Bouchra Ouizguen participer au prochain Festival National du Théâtre.
M’entendez-vous,
cher et estimé ministre, Mohamed Amine Sbihi ?
Rabat
le 30 mai 2015
Nabyl
Lahlou