Ne touche pas à ma bourgeoisie !
AU ROYAUME DES INERTIES RENOUVELABLES, LES
IMPOSTEURS SONT ROIS
L’heureux Quémandeur des croyants
que je suis, l’heureux démiurge que je suis, l’heureux créateur né au royaume
des inerties renouvelables, n’a jamais ressenti la moindre honte à quémander des
moyens pour produire ses pièces de
théâtres. Jouvet l’avait fait en son époque, une très belle époque, pas comme celle
d‘aujourd’hui, trop sinistre, trop matérielle, trop artificielle, trop
inhumaine, où on brade facilement ses principes et ses convictions en acceptant
de changer de veste pour mieux gravir l’échelle sociale. Il n’y a donc rien de
honteux, ni de dégradant, pour tout individu qui atterrit dans un espace
bourgeois de goûter aux charmes discrets
de « la bourgeoisie marocaine », surtout quand cette bourgeoisie
est créée et fabriquée par son ancestral maître, le Makhzen séculaire, qu’elle
sert aveuglément tant qu’il continuera à l’enrichir et à la rendre intouchable.
L’homme nait avec un destin,
qui lui est tracé dès sa naissance : Il sera un grand combattant et un grand
militant pour la liberté et l’Indépendance de son pays, dont les dirigeants le
jetteront en prison pendant plusieurs années avant qu’il n’en sorte, la tête
haute, parce que son combat aura triomphé.
D’autres hommes et femmes naissent pour vivre et
grandir dans la pauvreté et la colère, se voient, après des années de travail,
de combats et de luttes, propulsés sous les projecteurs de la reconnaissance
mondiale, qu’elle soit humanitaire, littéraire, artistique, économique ou
politique. Cet état des choses n’arrive naturellement que dans les grandes
nations où la démocratie a un sens réel, contrairement au royaume des inerties
renouvelables où l’imposture règne et où les imposteurs se partagent les bienfaits
de l’imposture. Heureusement qu’il existe encore dans notre pays des hommes et
des femmes, des militants farouches, pour le sauver et le défendre. Parmi
ces militants convaincus de transformer « Le
plus bau pays du monde » en « un paradis pour toutes les classes
sociales », il y a l’écrivain Abdelhak Serhane qui, lorsque quelqu’un
taquine la bourgeoisie marocaine, se dresse comme un doberman, prêt à mordre,
en aboyant : « Ma bourgeoisie
t’emmerde parce qu’elle n'a
rien à voir dans tes histoires et tu ne lui arrives pas à la cheville car
elle rend d'immenses services à la société de la marge alors que tu ne te
préoccupes que de toi-même », en réaction à mon texte :
Intellectuels progressistes et progressistes intellectuels je suis triste et
profondément déçu par vous.
« Consulte le site Média Part
et tu verras ce que Serhane écrit pour défendre la démocratie, la liberté et la
justice pendant que Nabil encense Lahlou, que Lahlou glorifie Nabil et que
les deux harcèlent l'univers avec leurs lettres-pleurnichardes
qui n'honorent ni la cause des cinéastes ni celle des hommes de théâtre. »,
J’ai écrit plus de deux cents lettres ouvertes dans lesquelles il n’y a
pas une seule phrase qui ne défende pas le théâtre et le cinéma et ceux et
celles qui les pratiquent pour gagner leur vie. Je ne condamne que les
imposteurs et les escrocs, comme je l’ai fait en adressant, le 4 août 1991, une
lette ouverte au ministre de l’intérieur et de l’Information, Driss Basri, pour condamner les vols, les magouilles et les
arnaques dont étaient coupables, Souheil Benbarka, le directeur général du
Centre Cinématographique Marocain, et le président du Fonds d’aide à la
production cinématographique Marocain. Cette lettre ouverte m’a coûté dix
années d’interdiction de faire mes films, sur une décision officielle du
directeur général du CCM, Souheil Benbarka à qui la commission du Fonds d’aide
à la production cinématographique vient d’accorder sept millions de dirhams à
son projet de film Le songe du Calife, écrit par un certain Bernard Stora. Ces sept millions de dirhams, offerts à
l’ex-directeur général du CCM, un cinéaste milliardaire, Souheil Benbarka, qui
pondra un mauvais film étranger, est un véritable coup de poignard dans le dos
de tout jeune cinéaste qui attend de réaliser son premier film. Ce favoritisme,
flagrant et nauséabond, au profit du milliardaire Souheil Benbarka,
propriétaire d’hôtels et de salles de cinéma, j’ai eu l’opportunité de le
dénoncer et condamner en présence de monsieur Mostapha Khalfi, ministre d la
Communication et porte-parole du gouvernement du royaume du Maroc.
« Ouvre le dernier Dine Wa Dounya et
tu verras que Serhane n'écrit pas pour dire qu'il n'a pas
reçu d'argent, qu'il n'a pas été invite à tel ou
tel événement ou pour faire l'apologie de sa propre personne. Serhane
n'écrit pas pour se lamenter sur son sort (Mon dernier
roman interdit, a été publié alors que je "goutais déjà
aux charmes discrets de la bourgeoisie" comme ma lettre ouverte à M6 publiée
dans le journal Le Monde et tant d'autres articles publiés par Mediapart ou Rue
89. Serhane défend une cause, une cause commune. Il ne passe pas son temps à
défendre son propre ego. Consulte le site Mediapart et tu verras ce
que Serhane écrit pour défendre la démocratie, la liberté et la justice »
Je pense que Madame Yasmina Filali sera contente
de lire cette lettre ouverte, comme je fus content quand, en 1989 à Paris, sur
instruction de son frère Fouad Filali, Président de la SOREAD et de 2M, elle m’acheta les droits télévisés de mes
cinq premiers films pour le compte de 2M, cinq films que 2M n’a jamais osé
diffuser suite à l’interdiction de la diffusion du Gouverneur général de
l’ile de Chakerbakerben, programmé un dimanche 19 février 1989, puis
déprogrammé et interdit de diffusion. Malval s’en souvient encore.
Et depuis l’interdiction de Chakerbakerben, en 1989,
2M continue de refuser d’acheter les droits de mes films, qui sont aujourd’hui
au nombre de neuf, en continuant de privilégier
ses proches, ses amis et les démarcheurs pistonnés, en leur achetant à prix
d’or des produits cinématographiques périmés et non consommables pour une
grande partie, parce que vides de sens, insignifiants et insipides.
« Nous avons un peuple en souffrance
qu'il faut défendre, une justice aux ordres qu'il faut défendre, une liberté
d'expression en danger qu'il faut protéger avec le peu que nous possédons;
notre plume et notre intégrité d'intellectuels progressistes et de
progressistes intellectuels". Nous avons toujours été des hommes
debout, alors demeurons des hommes debout mais debout au service d'une cause et
de nos principes ! »
Comme c’est facile à dire et à écrire. Moi, je n’ai
jamais de ma vie écouté les fabricants et marchands de slogans politiques, ou
publicitaires. Je les ai toujours détestés parce que je les trouve nocifs et
dangereux.
Ce qui me préoccupe en ce moment, et ce doit être
pareil pour trente millions de Marocains,
c’est comment payer mon épicier, mon boucher, mon téléphone,
mon internet, mes médicaments, mon dentifrice et mes déplacements en taxis et
tram. Ce n’est sûrement pas avec les mille deux cents dirhams qui représentent
la recette totale de la vente des billets pour les six films projetés au cinéma
le 7ème Art, que je vais pouvoir satisfaire tout le monde.
Mille deux cents dirhams de recette totale que j’ai
partagés à part égales entre les six employés du cinéma le 7ème Art.
Voila comment vit et se comporte, tout simplement,
tout humblement, tout humainement, l’un des plus grands hommes de théâtre et de
cinéma que comptent les planètes, Terre et Mars, et que tous les imposteurs et
autres mercenaires de la plumes et du numérique détestent et haïssent.
Rabat 16 mai 2016
Nabyl Lahlou