CRÉATEUR JE SUIS, CREATEUR JE MOURRAI
C’est la deuxième fois qu’une équipe
journalistique du site Le 360 m’honore en se déplaçant au Théâtre Mohammed V à
Rabat pour m’interroger sur mes deux
dernières créations théâtrales : LA CHUTE et ALI IXE, présentées au Théâtre
Mohammed V à Rabat, respectivement, le 26 avril 2019 et le 18 juillet 2019. Merci
au site Le 360 pour l’intérêt qu’il a porté à mes deux dernières créations dont
les premières représentations remontent au 1er avril 2013 pour LA CHUTE et au
15 novembre 2013 pour ALI IXE MIRACLE DU 30 Février. Depuis que Sophia Hadi a
donné la première représentation de LA CHUTE, les spectateurs, unanimes, lui
exprimèrent leur admiration pour sa prestation de deux heures et demie. Des écrivains,
français et marocains, des professeurs du Lycée Descartes ainsi que des journalistes
de renom aimèrent son interprétation et l’encensèrent à travers des écrits et
des articles. Et malgré cet immense succès d’estime, LA CHUTE
n’a jamais pu remplir, ne serait-ce qu’à moitiée, l’orchestre du Théâtre
Mohammed V où elle a été présentée plus d’une vingtaine de fois grâce au soutien de son directeur. Plus de
vingt représentations pour la
joie et le bonheur des spectateurs européens et marocains, amoureux de Camus. Quant à ALI IXE MIRACLE DU
30 FEVRIER, l’absence du public marocain cultivé en arabe est honteusement
outrageuse. Les raisons principales de la désertion des salles de cinéma et des
théâtres par le public ne vient pas de
l’absence de l’information et de la communication, mais du vieillissement qui a
atteint les méninges de nos élites, culturelles et politiques, dont la
progéniture semble suivre le même chemin et cheminement. Quant au large public
marocain, issu des milieux modestes populaires, il est appauvri
intellectuellement et visuellement, par des spectacles abrutissants et des
débats où la langue de bois valse avec la censure et l’autocensure, que lui jettent en pâture les télévisions
officielles et privées ainsi que la majorité de sites électroniques. Des spectateurs devenus abrutis et incapables
de comprendre et d’accepter un discours théâtral, drôle, intelligent,
humoristique, philosophique, politique et poétique, qui ne veut que leur bien. Robotisée, dépersonnalisée et non
encadrée culturellement dans l’ère du
numérique et du digital, la jeunesse de
notre pays doit être tirée vers le haut,
c'est-à-dire vers plus de responsabilité, de dynamisme, d’humanisme, d’amour et
de fraternité qu’elle peut trouver dans le Théâtre et la Culture, modernes, deux
facteurs d’épanouissement qui ouvrent les esprits sur l’universel et qui barrent la route, en les combattant, à toutes
sortes d’obscurantismes, d’intégrismes religieux, de fanatismes, de racisme et
d’´ignorance. Dans notre pays où LA PENSEE décline quotidiennement, et LA PANSE
se remplit de plus en plus, seule l’audace créative et provocatrice contribuera
à sortir la société de la torpeur et du sommeil séculaires qui les frappe, non
pas seulement à cause du déclin de la pensée et de la panse, qu’elle soit
pleine ou vide, telle que je l’avais montré dans ma première pièce de théâtre
LES TORTUES, écrite en 1969 et présentée au Théâtre Mohammed V, l’année
suivante. Le combat théâtral continue et continuera jusqu’au dernier souffle. Créateur
je suis, créateur je mourrai.
Rabat 21 juillet 2019 :
Nabyl
Lahlou
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