CET EXTRAIT DE MA LETTRE OUVERTE, ENVOYÉE LE 20 AOÛT 1998 AU PREMIER MINISTRE DE LA PREMIERE ALTERNANCE POLITIQUE AU MAROC, JE L’ADRESSE, AUJOURD’HUI 11 AVRIL 2021, A MONSIEUR CHAKIB BENMOUSSA ET SES 35 COMPAGNONS
"Monsieur Abderrahmane Youssoufi
Premier ministre du Royaume du Maroc
Monsieur le Premier ministre du Royaume du Maroc
C'est par le triomphe de la justice et de la vérité, par le respect des droits et l'application des lois, par la reconnaissance au citoyen à son droit au rêve, à la dignité, au travail, au labeur et à la prospérité matérielle et culturelle, que le changement que nous attendons finira par s'imposer et triompher face aux ennemis du changement, ces gardiens du statu quo, ces disciples et adorateurs de l'éternel passé, qui veillent hypocritement, farouchement et jalousement sur le maintien et la survie de ses vestiges et de ses décombres, pour maintenir en vie et sous perfusion cet éternel présent, dont ils sucent - en infime et écrasante minorité qu'ils sont - mille présents et mille et un conforts et profits, au détriment des 95% du très gentil et adorable peuple marocain.
C'est par la libre circulation des capitaux humains que sont les idées, l'imagination, l'intelligence de l'esprit et la générosité des cœurs, que ce changement auquel nous aspirons de tous nos désirs, de toutes nos forces, ce changement pour lequel nous devons nous battre, continuellement, sans répit, avec nos convictions, toutes griffes dehors, pourra triompher face aux gros porteurs de l'inertie et de la poisse, ces ennemis du changement qui nous sécrètent et distillent, quotidiennement, des portions de désespoir et d'immobilisme mortels.
Face à la peur et à la suspicion qui ont été diaboliquement planifiées et scrupuleusement mises en œuvre pour régir, sous auto-surveillance, les rapports et les liens entre intellectuels, penseurs, artistes, prolétaires, politiques, philosophes... face au syndrome de la scission et de la division qui n'arrête pas de faire des ravages et d'accoucher de partis politiciens et d'associations "ongues", il nous faut entreprendre, avec sérénité et sagesse, avec vision et voyages, dans nos temps et nos espaces, une Révolution, culturellement intellectuelle et spirituelle, pour libérer nos esprits de l'emprise de ces pieuvres que sont justement la peur, la suspicion, la division, la scission, la démagogie, l'hypnose des discours et le mensonge de la télévision avec ses lourdeurs de la langue de bois et ses prêches de mauvaise foi.
Face à ces voyages dans nos temps et nos espaces, heureuses sondes, chantant la création et le bonheur, annonçant la fin du cauchemar des barques de la mort et du calvaire des diplômés-chômeurs et des millions de sans emplois, nous nous devons de réussir notre Révolution, notre grande et gigantesque Kermesse, artistiquement, visuellement, théâtralement, cinématographiquement, télévisuellement, esthétiquement, philosophiquement, verbalement, oralement, moralement... pour libérer l'œil, l'ouïe et l'esprit des peurs ; pour déféodaliser les mentalités de ceux qui gouvernent et dominent notre pays, pour humaniser les comportements de ceux qui décident pour nous, sans nous consulter, pour inviter les ambitions à sortir de leur hivernage et leur léthargie, pour libérer les énergies et mettre en liberté inconditionnelle, la liberté, afin de permettre au langage qui nous codifie et nous cause tant de "tangage" et d'hypocrisie, nécessaires au maintien de nos faux rapports, de ne plus être prisonnier de la langue archaïque qui le véhicule, elle-même prisonnière de tant de tabous et continuellement sur le qui-vive, sous la coupole du palais qui l'abrite."
Cette lettre ouverte que j’ai adressée à monsieur Abderrahmane Youssoufi, Premier Ministre de la Première Alternance politique au Maroc, le 20 août 1998, a été publiée en date du lundi 24 août 1998, par le quotidien AL BAYANE, dirigé à cette époque par l'actuel secrétaire général du PPS, monsieur Nabil Benabdallah.
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