JE DONNE A LIRE A MONSIEUR LE PRÉSIDENT ET A MESDAMES ET MESSIEURS LES MEMBRES DE LA NOUVELLE COMMISSION DE L'AVANCE SUR RECETTES, CE TEXTE QUE J'AI ÉCRIT LE 10 DÉCEMBRE 2002.
CE TEXTE A ÉTÉ PUBLIE PAR MAROC HEBDO INTERNATIONAL, LE 13 DÉCEMBRE 2002.
RIEN A CHANGE, DEPUIS...
Le cinéma marocain “est percé".
Le Maroc n’a jamais été en mesure, ne fût-ce qu’une seule fois, de produire huit à dix longs métrages de fiction par an, comme l’a clamé haut et fort le directeur général du CCM, lors de l’hommage rendu au "cinéma marocain", à Nantes, en novembre 2002.
Aussi, pour que le Maroc arrive à produire et à réaliser huit à dix films par an, tous prêts à être distribués simultanément dans les salles, il faut que nous possédions et disposions d’une trentaine de producteurs, au vrai sens du mot, de cinq cents acteurs et actrices, au sens vrai du métier, d’une trentaine de cinéastes réalisateurs professionnels, d’une trentaine de directeurs de la photographie, avec leurs premiers et deuxièmes assistants, et autant d’ingénieurs du son, d’ingénieurs pour le mixage, de chefs monteurs, de décorateurs, de costumiers, de maquilleurs, de directeurs de production, de régisseurs, de chefs éclairagistes et chefs machinistes, et autres assistants, tous indispensables pendant le tournage et la réalisation d’un film.
Pour qu’on arrive à produire huit à dix films par an, tous garantis pour leur distribution, cela signifie que le pays compte plusieurs distributeurs de films et plusieurs exploitants de salles, tous dotés de l’amour du pays et du civisme le plus exemplaire, prêts à se battre pour que triomphe le produit cinématographique national.
Or, l’amère réalité sur la situation et le triste état du cinéma marocain qui n’a point percé, parce qu’il est percé de partout, est la suivante:
Données
• Notre pays ne possède plus qu’une cinquantaine de salles de cinéma dignes de ce nom, sur les trois cent vingt que le protectorat lui avait construits et que la “marocanisation” a défigurées ou démolies.
• Notre pays ne possède pas un seul véritable producteur de films.
• Notre pays ne dispose actuellement que d’un seul et unique directeur de la photographie et d’un seul et unique chef monteur. Il n’a pas un seul ingénieur, ni pour le son direct ni pour le mixage.
• Le laboratoire de développement et de tirage que notre pays a mis sur pied, il y a maintenant plus de vingt ans, ne peut donner ni une image fixe réussie, ni un fendu enchaîné correct.
Devant ces scandaleuses et honteuses données, 90% des films marocains se font et se réalisent par des étrangers, que ce soit au niveau de l’image, du son, du mixage, du montage et autres travaux, dont l’écriture du scénario.
Pour que le cinéma marocain puisse exister en qualité et en quantité, il faut instaurer une nouvelle politique cinématographique, basée sur des lois saines et une solide réglementation à travers, notamment:
•La suppression de l’actuel Fonds d’aide qui est à l’origine, depuis sa création, de toutes les misères, de tous les conflits entre les cinéastes eux-mêmes et entre les cinéastes et le CCM, de toutes les combines et magouilles, de toutes les escroqueries, à l’image de l’arnaque montée par le producteur du film “Une Minute de soleil de moins”, qui s’empara de deux millions six cent mille dirhams du Fonds d’aide, pour la réalisation d’un projet de film qu’il avait déjà tourné en vidéo avec une caméra numérique, pour le compte de la chaîne de télévision ARTE.
• La création de la Caisse Nationale pour l’aide à la production, la promotion et la distribution du film marocain.
•Seuls peuvent bénéficier des avantages de la Caisse Nationale pour l’aide à la production, la promotion et la distribution du film marocain, les cinéastes professionnels qui n’ont d’autre métier que le cinéma et qui ne vivent que de ce métier. Ne peuvent prétendre à l’aide ni les «réalisateurs» prestataires de services, ni les producteurs faiseurs de films publicitaires.
•Le droit au film marocain de disposer des salles de cinéma marocaines; car il est scandaleux et révoltant de voir l’ensemble des distributeurs des films et les exploitants des salles de cinéma – à quelques exceptions près – ignorer, mépriser, voire saboter le produit cinématographique national.
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