Monsieur José Luis Rebordinos,
directeur du Festival de San Sébastien
Cher monsieur,
Le service de documentation de l'Institut Cervantès à Rabat vient de m’envoyer par courriel, daté du vendredi 3 août 2012, la copie du mail que vous avez, vous-même, adressé à cet Institut, suite à la décision prise par le comité du Festival de San Sébastien de ne pas retenir mon film Regarde le roi dans la lune.
Je ne peux sincèrement vous cacher ma grande tristesse ainsi que ma grosse déception à la lecture de votre mail, non pas à cause de votre décision de ne pas retenir mon film, mais pour son envoi directement à l’Institut Cervantès, sans citer mon nom. Je ne peux donc comprendre que vous ne puissiez, ne serait-ce que par modestie, humilité et élégance, pour ne pas dire éducation, m’informer, vous-même, de votre décision de ne pas retenir mon film, en me le faisant savoir, en langue française, par les soins de madame Eugénia Machain à qui j’ai eu le plaisir d’envoyer plusieurs mails dont le premier remonte au 26 avril 2012,l’informant qu’il me serait très difficile de verser 50 euros pour inscrire mon film à votre festival. A ce propos, je vous ai adressé le 13 mai un mail, en votre nom personnel, pour vous demander si je pouvais vous envoyer le DVD de mon film Regarde le roi dans la lune, sous-titré en français, au lieu de l’anglais. « Il n’y a pas que les créateurs et les démiurges qui sont éternellement fauchés, même les grandes nations comme la vôtre, peuvent traverser une grosse crise économique. Je ne peux que souhaiter à l’Espagne de s’en sortir la tête haute de cette crise », vous ai-je écrit dans ce mail du 13 mai, resté sans la moindre petite réponse. Et comme vous n'avez pas daigné donner de suite à mon chaleureux appel du 13 mai, j'ai décidé de ne plus vous envoyer mon film Regarde le roi dans la lune. Ma décision et ma conviction de ne plus vous envoyer mon film Regarde le roi dans la lune, devinrent plus fortes quand je découvris, en consultant les archives de votre festival de San Sébastien, qu'un film, aussi insignifiant que folklorique qu’est La mosquée, a été choisi pour la sélection officielle de votre festival 2010, et, comble de l’ironie, couronné par une mention spéciale pour son auteur Daoud Oulad Saïd qui s’est permis le luxe de se payer votre tête, personnelle, et celles de ceux et celles qui ont élaboré le catalogue du festival 2010, dans lequel il est écrit que Daoud Oulad Said a fait la FEMIS, alors qu’il n’est en réalité qu’un ancien enseignant de mathématiques, devenu photographe ambulant, sortie de l’univers de la place Jamaa Lafna, mondialement connue pour ses charlatans et ses charmeurs de serpents, puis converti en cinéaste faissant des films qui séduiront les critiques occidentaux qui érigeront ses films sur l’autel du cinéma d’auteur. Eric Rohmer doit se retourner dans sa tombe.
Oui, monsieur José Luis Rebordinos, directeur du Festival de San Sébastien, en parcourant les archives de votre festival, j’ai vite compris que mon film Regarde le roi dans la lune n’a pas sa place dans ce Festival de San Sébastien qui doit, lui aussi, fonctionner sur la base du copinage et du renvoi de l’ascenseur, comme c'est malheureusement le cas dans presque tous les festivals de cinéma qu’ils soient insignifiants ou s’autoproclament les plus grands et les plus prestigieux de la planète, comme il est dit du Festival de Cannes, pour ne citer que celui-ci. Cependant, moi qui n’ai pris connaissance de l’existence de votre festival que récemment, je me suis dit qu’il est de mon devoir de vous envoyer mon film.
Ainsi un DVD de mon film de Regarde le roi dans la lune, tiré à partir d’un télécinéma défectueux, le seul que possède notre pays, vous a été envoyé par les soins du très sympathique et très serviable directeur de l’Institut Cervantès à Rabat, l’ami Federico Arbos, que je remercie profondément pour son soutien, car je n’avais pas le moindre sou pour vous faire parvenir le DVD par la poste rapide. Et je n’ai toujours pas le moindre sou. Voilà qui fait ma fierté en tant que Quémandeur des croyants.
Ainsi vous avez visionné le DVD de Regarde le roi dans la lune, en prenant, en votre âme et conscience, votre décision de ne pas le retenir pour le Festival de San Sébastien, comme vous le dites clairement dans votre mail daté du 3 août 2012, dont le contenu et la forme me rappellent curieusement le contenu et la forme du courriel que l’adjoint du délégué général du festival de Cannes, Thierry Frémaux , m’a fait parvenir, à la suite au visionnage du DVD (défectueux), de mon film Regarde le roi dans la lune qui n’a pu être vu qu’une fois la sélection des films pour la Compétition officielle a été arrêtée et rendue publique, car le DVD de mon film a été « égaré » . N’ai-je prévenu la secrétaire du président Gilles Jacob, Nicole Petit, du syndrome du sabotage.
Voilà le courriel de monsieur Christian Jeune : « Cher Nabyl Lahlou,
Je suis désolé de ce malentendu. En effet, nous avons bien retrouvé le DVD que vous aviez envoyé à Thierry Frémaux. Nous avons organisé aussitôt une projection pour le comité de sélection au complet avec Thierry. Si le film a suscité beaucoup d’intérêt de leur part, il a été cependant décidé qu’il ne serait pas sélectionné. D’autres films étaient également en attente et il a fallu faire des choix. Nous vous remercions de nous l’avoir présenté et nous souhaitons au film une belle carrière. » Signé : Christian.
Ne trouvez-vous pas qu’il ressemble à votre courriel? Personnellement, j’ai l’impression de lire votre mail que vous avez envoyé à l’institut Cervantès de Rabat le 3 août 2102 .
Voici votre courriel pour les lecteurs de mon blog qui lisent l’espagnol.
Estimados amigos : En primer lugar, quiero agradeceros la oportunidad que nos habéis dado de visionar la película REGARDE LE ROI DANS LA LUNE. EL Comité de Selección la ha visto con gran interés pero, lamentablemente no ha considerado su inclusión en la programación de nuestra próxima edición.
Agradecemos vuestra confianza e interés por nuestro Festival, y esperamos contar con vuestra colaboración en futuras ediciones. Un muy cordial saludo.
José Luis Rebordinos
Il est incontestable, cher monsieur José Luis Rebordinos, directeur du Festival de San Sébastien, que les grands festivals de cinéma qui se respectent, dont sûrement le vôtre, ont joué et continuent de jouer leur grand rôle objectif et déterminant dans la découverte de grands films et de grands réalisateurs inconnu. Et c’est vraiment dommage pour un grand film comme Regarde le roi dans la lune, écrit, produit et réalisé par un grand réalisateur et grand créateur, nabyl lahlou, inconnu, marginalisé, combattu et privé de moyens dans son propre pays le Maroc.
Avec mes sincères vœux de réussite pour votre Festival de San Sébastien dans sa prochaine session qui va recevoir en grande pompe Richard Gere, encore « un illustre inconnu. »
Rabat 5 août 2012
Nabyl Lahlou
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