LE CINÉMA MAROCAIN BRIÈVEMENT EXPLIQUE A MONSIEUR JACK LANG
Cher monsieur Jack Lang
Votre
implication sincère pour la réussite de la grande manifestation culturelle, Le
Maroc contemporain à l’Institut du Monde Arabe, a dû accaparer votre temps ainsi
que votre énergie, et ce depuis plus d’une année et demie. C’est pourquoi je
pense que la lettre ouverte que je vous ai adressée le 12 octobre dernier a été
victime d’une lecture hâtive, comme me le donne à croire votre réponse que
madame Léa Malpart m’a envoyée par courriel, le 10 novembre.
Quand
vous me dites dans votre réponse à ma lettre ouverte que le réalisateur du film :
FIEVRES, est un Marocain qui a fait un film marocain, sélectionné et
présenté au 14ème Festival National du Film Marocain, permettez-moi
de vous rétorquer que Hicham Ayouch, le réalisateur de FIEVRES, est un
français, comme l’est son frère aîné Nabil Ayouch à qui vous avez donné Carte
Blanche pour présenter au Musée du
Louvre trois de ses films, des films français, c'est-à-dire des produits, pensés,
écrits, produits, mis en scène, photographiés, montés, sonorisés et mixés par
des techniciens français. Certes, Nabil Ayouch et Hicham Ayouch sont Marocains
par leur père, mais ce n’est pas la goutte de sperme qui donne la nationalité à
tout être humain qui naît de la rencontre entre un spermatozoïde et un ovule,
tombés amoureux, l’un de l’autre.
Personnellement,
je pense que c’est la langue maternelle, la langue parlée, la langue écrite, la
langue pensée, la culture, les arts, les musiques, les us et coutumes, les
folklores, les traditions qui exaltent la liberté et la dignité, ainsi que l’air,
les couleurs du ciel, de la mer et les montagnes, autant d’éléments biologiques
et cérébraux qui façonnent, dès notre naissance, notre citoyenneté, notre nationalité
notre identité nationale et notre amour de la patrie.
Rochdi
Zem et Ismaël Farroukhi, qui sont Français et fiers de l’être, ont vus leurs
films OMAR M’A TUER et DES HOMMES LIBRES, deux films français, sélectionnés
d’office par le directeur général du Centre Cinématographique Marocain pour
être présentés d’office, en tant que films marocains, à la compétition
officielle au 12ème Festival National du Film Marocain. J’AI VU
TUER BEN BARKA de Serge Le Péron a été baptisé film marocain par la volonté
du directeur général du Centre Cinématographique Marocain. LA SOURCE DES
FEMMES, film français, projeté en compétition au Festival de Cannes 2012, a
vu la diffusion de sa bande-annonce par les télévisions marocaines, parce qu’il
a été baptise film marocain par la baguette magique du directeur général du
Centre Cinématographique Marocain. Il en a été de même des films de cinéastes
belges et hollandais, d’origine marocaine, présentés d’office à la compétition
officielle des six derniers Festivals du Film Marocain.
Derrière
cette stupide et ridicule mascarade qui consiste à travestir des films français
bien faits, en films marocains bien très réussis, se cache un véritable mépris de la part du
directeur général du Centre Cinématographique Marocain envers le film marocain,
qui est écrit, produit, décoré, habillé, interprété, photographié, réalisé, monté,
sonorisé et mixé uniquement par des artistes et des techniciens marocains. Honni
soit qui, nationalisme, chauvinisme, tribalisme, y pense.
Le
budget de l’avance sur recettes à la production de films marocains est de soixante
millions de dirhams, (cinq millions six cent mille euros), par an. C’est à peine le budget pour la
production d’un film français. Or, sur ces soixante millions de dirhams, dont
le tiers va aux cinéastes étrangers d’origine marocaine, sur les cent cinéastes
marocains indigènes, seuls vingt pistonnés, décrocheront l’avance sur recettes
pour pondre un petit film trois ou six ans après, comme c’est le cas du film
français LE VEAU D’OR, réalisé par quelqu’un qui ne met les pieds
au Maroc que pour empocher l’avance sur recettes.
Ainsi,
le Maroc, où jamais n’a poussé un seul producteur de films, arrive, grâce à
cette maigre avance sur recettes, à accoucher, bon an mal an, de trois à quatre
films, des films dont quelques uns sont intéressants à voir comme c’est le cas de
Assamt Almakhfi de Kamal Kamal, que vous programmez dans le cadre
de cette belle manifestation culturelle qu’est Le Maroc Contemporain à
l’Institut du Monde Arabe, ce bel Institut où, en janvier 2000, j’avais présenté
trois de mes six films. J’avais été chaleureusement et fraternellement invité
par mon ami Taj-Eddine Baddou, le très élégant et très raffiné Commissaire marocain
pour L’année du Maroc en France, de janvier 1999 à janvier 2000.
Côté
français, le Commissaire n’était autre que Frédéric Mitterrand qui offrit
« Versailles » à Nabil Ayouch pour lui permettre de réaliser
son premier spectacle, un SONS ET LUMIERES pour l’inauguration de L’ANNEE DU MAROC EN France.
Que
la plus belle des réussites vous
accompagne.
Rabat, 14 novembre 2014
Nabyl
Lahlou
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