Lettre ouverte aux ministres marocains, instruits,
cultivés et cinéphiles
QUATRE DIRECTEURS
ET UN ENTERREMENT
Il n’y a pas de honte à être riche dans un Maroc où
les inégalités sociales économiques et culturelles poussent comme les mauvaises
herbes qu’on n’a pas du tout envie de
voir. Il n’y a pas de honte non plus à être un faisan ou un escroc dans le Maroc,
célébré par les fils de pub comme « Le plus beau pays du monde », que
les faisans et les escrocs de toutes idéologies et doctrines, confondues,
ont transformé en un royaume des
inerties renouvelables et des inepties tonitruantes où quiconque veut attenter
à la sérénité de la Reine Routine, qui règle et rythme le quotidien des sujets
de Sa Majesté, se voit frappé, broyé, réduit, voire banni ou emprisonné.
Malheur à celui qui pense vouloir déstabiliser le statuquo en vigueur dans
le royaume des inerties renouvelables en osant perturber le sommeil impérial
de la Reine Routine. Ayant voulu palper le
pouls de la liberté dans le Maroc de Hassan II, j’ai écopé de huit longues années
d’interdiction de réaliser mes films, parce que j’avais tout simplement dénoncé
et condamné vigoureusement les flagrantes escroqueries, les honteuses arnaques,
les immondes violations du règlement du
Fonds d’aide à la production de films marocains ainsi que les
détournements des deniers publics, perpétrés et commis par le directeur général du Centre
Cinématographique Marocain, le faisan Souheil Ben Barka, et son sinistre complice
et non moins escroc, le président de la commission du Fonds, un ex-fonctionnaire-caméraman
du Centre Cinématographique Marocain, Mohamed Lotfi, qui squatta pendant six
années consécutives la présidence de quatre commissions du fonds
d’aide à la production cinématographique marocaine. Nommé directeur général du Centre
Cinématographique Marocain, à la faveur d’une fracassante déclaration de
Michael Douglas, humiliante pour le régime et pour l’image de notre pays : « Si
un avion doit survoler l’espace aérien marocain, je ne le prendrai pas », Souheil
Ben Barga fera du Centre Cinématographique Marocain, de 1986 à 2003, sa propriété privée, ne servant que ses propres intérêts
et les intérêts de quelques uns de ses confrères, les prestataires de services,
dont son ami, Sarim Fassi Fihri. Grâce à
l’intervention du stratège ministre d’Etat, l’incontournable et inoubliable
Moulay Ahmed Alaoui, le gouvernement accorde deux milliards de centimes au
directeur général du Centre Cinématographique Marocain, Souheil Ben Barga, (sans
compter les aides en nature, comme la participation de l’armée), pour produire
un film sur La Bataille des trois rois,
épopée historique si chère au ministre d’Etat, qui la célébrait et la
glorifiait chaque année dans un épique éditorial de son journal Le Matin du
Sahara et du Maghreb. Co-produit avec les Russes, les Italiens et les Espagnols,
le film La Bataille des trois s’avère,
dés sa première projection, un véritable fiasco et un cuisant échec pour
son promoteur et réalisateur, le directeur général du Centre Cinématographique Marocain, Souheil Ben Barga, qui, avide d’argent et de gains faciles à ramasser, va refaire
le montage de La Bataille des trois rois par une fonctionnaire-monteuse du CCM, la
brave Fatima Darsi, pour le présenter, sous
le nom de Tambours de feu, à la commission du Fonds d’aide, présidée par son complice qui, les
yeux fermés, lui accorde, la somme d’un million huit cent mille dirhams. Et
pour remercier son généreux complice, le directeur général du Centre Cinématographique
Marocain, Souheil Ben Barga, laisse le président de la commission du fonds
d’aide, Mohamed Lotfi, plonger sa main dans la tirelire du fonds d’aide à la
production cinématographique marocaine pour y
piocher la somme d’un million sept cent mille dirhams pour commettre son
premier long métrage. Ces magouilles et ces arnaques cinématographiques, dont ont
été victimes plusieurs producteurs étrangers, à leur tête Michael Douglas, ont
permis à leurs auteurs, les voraces prestataires
de services cinématographiques et les malhonnêtes
courtiers au service des tournages des films étrangers au Maroc, de s’enrichir honteusement,
comme s’était enrichi, sans le moindre scrupule, Souheil Ben Barga, en tant que
directeur général du CCM et directeur d’une société de prestations de services
cinématographiques, c’est-à-dire, juge et partie. Être juge et Partie ne peux
fleurir que dans les patelins où règne la loi de la jungle. Notre pays, le
Maroc, à cause des ravages commis par des faisans et des escrocs, nommés souvent
par coup de piston à la tête d’institutions et d’entreprises, relevant de
l’Etat, qu’ils transforment en propriétés privées, sans jamais être contrôlés, appréhendés
ou menacés de sanctions, malgré les injustices et les abus à gogos, qu’ils commettent pendant
l’exercice de leurs hautes fonctions, ne peut avoir que l’image d’un patelin où
règne la loi de la brousse. Ne soyons pas étonnés si nous occupons la queue du
cortège planétaire ; et ce n’est pas le TGV marocain qui va nous faire vite
rattraper la tête du peloton.
Parti du Centre Cinématographique, les poches pleines
d’argent et de complexes cinématographiques et hôteliers, Souheil Ben Barga
laissa son trône vacant jusqu’à ce Nour-Eddine Saïl, ancien prof de Français au lycée Moulay
Youssef à Rabat, s’y installa grâce à un coup de piston venu d’en haut. Et
c’est sûrement grâce au même coup de piston venu d’en haut qu’il a dû être
nommé directeur général de la chaîne de
télévision francophone 2M, dont il sera chassé quelques années plus tard, comme fut éjecté de
son poste de directeur du Centre
Cinématographique Marocain, l’ingénieur
agricole, Kouider Bennani, sacrifié sur
l’autel des intérêts mercantilistes pour apaiser la colère du fils de Kirk
Douglas. On ne badine pas avec les Américains.
Le règne de Nour-Eddine Saïl à la tête du CCM (2003-2014),
restera marqué et sali par ses sournoises et vicieuses interventions dans
la répartition de l’argent du fonds d’aide à la production cinématographique
marocaine, dans le choix des présidents et des membres des commissions du même
Fonds d’aide, dans la composition des jurys des festivals du film marocain,
ainsi que dans le choix du film qui doit remporter Le grand prix du festival
national. Ses amis et ses proches, Français, ou Français d’origine Made in Morocco,
ont été royalement choyés, à l’image du cinéaste français Pascal Kane, qui
reçoit du fonds d’aide pour la production cinématographique marocaine, deux millions six cent mille dirhams pour tourner
quelques scènes de son film : J’ai vu tuer Ben Barka. Un autre
cinéaste d’origine marocaine, Hassan Lagzouli reçoit pour son film Le Veau
d’or, dans lequel le fils de Noureddine Saïl, Morad Saïl - qui vit et
travaille en France - joue l’un des deux rôles principaux, la somme de cinq
millions de dirhams dont il ne dépensera qu’un seul million, le reste va dans la
poche. Je ne cite que deux exemples sur les dizaines d’abus de pouvoir,
perpétrés par le despotisme qui s’était emparé de la tête de Nour-Eddine Sail, qui
aurait pu faire hisser le cinéma marocain vers les cimes de la création et de
la créativité s’il avait été habité par le souffle de servir le cinéma fait par
les cinéastes marocains vivant et travaillant dans leur pays le Maroc, au lieu de ne servir que ses proches et ses potes, en
se comportant, d’un côté, comme un
laquais des Français et de la francophonie, et, d’un autre côté, en tangerois, tribal et régionaliste, dépourvu de
toute dimension nationale. Reconduit à la tête du Centre Cinématographique
Marocain pour quatre ans de plus, alors qu’il avait déjà atteint largement
l’âge de la retraite, Nour-Eddine Saïl fera tout pour rester éternellement à la
tête du Centre Cinématographique Marocain. Il ira jusqu’à rédiger une pétition et
la faire signer par des personnalités françaises, dont Edgar Morin et Serge Toubiana.
La pétition, envoyée au cabinet royal, demandant le maintien de Nour-Eddine Saïl à la tête du Centre
Cinématographique Marocain, n’eut aucun effet. L’ancien démarcheur des
décodeurs de la défunte chaîne anal
Horizon, quitte le Centre
Cinématographique Marocain, sans gloire, comme s’il n’y avait jamais mis les pieds.
Son trône sera offert au richissime
prestataire de services cinématographiques, Sarim Fassi Fihri qui, à 58 ans, se
voit directeur du Centre Cinématographique Marocain, grâce au coup de piston du
ministre de la Communication, Mostapha
Khalfi, un type qui n’a probablement jamais vu un seul film d’art et d’essai de
sa vie. Et ce n’est donc pas à ce ministre, pijidiste-islamiste, qui mérite un zéro
pointé pour avoir terni l’image du Maroc en interdisant le téléfilm français Much
love, que je vais demander comment s’appelle l’auteur-réalisateur de Zéro de conduite. Et ce n’est pas non
plus au prestataire de services cinématographiques, devenu directeur du Centre
Cinématographique Marocain, que je vais demander qui a réalisé Quand passent
les cigognes ou Quand passent les faisans, car je sais que cet arrogant et hautain
prestataire de services cinématographiques, qui m’a interdit par ses hommes de
main d’assister à la cérémonie de clôture du 5ème festival national du
cinéma, se déroulant pour la première fois sous le premier gouvernement de la
première alternance politique en 1998, est un type qui enterrera la création
cinématographique marocaine. Aussi, voulant imiter son prédécesseur,
Nour-Eddine Saïl, qui choya royalement ses amis et ses proches, Sarim Fassi
Fihri va faire sortir de sa tanière où
il s’est replié pendant dix ans, son ami Souheil Ben Barga, l’ex
directeur général du Centre Cinématographique Marocain, pour lui offrir sur un plateau d’argent sept
millions de dirhams comme modeste participation du fonds d’aide à la production
de son nouveau film Le songe du Calife, écrit par Bernard Stora, un scénariste français. Le songe du Calife
connaîtra sûrement le même sort que La bataille des trois rois.
Se souvenant également que la pauvre victime de
Michael Douglas lui facilitait les démarches pour les tournages étrangers quand
il était directeur du Centre Cinématographique Marocain, Sarim Fassi Fihri, va
chercher Kouider Bennani dans ses terres agricoles pour le pousser à faire son premier film. Ainsi l’ingénieur
agricole et ex-directeur du Centre
Cinématographique Marocain (1977-1986), se voit-il offrir trois millions de
dirhams pour réaliser un film documentaire
sur la culture sahraouie. Ne nous étonnons pas non plus de nous voir, nous les Marocains,
taxés par Google comme étant le peuple le
plus malhonnête de la planète. Comme dit le dicton marocain : Un poisson
pourri, pourrit toute une cargaison.
Sarim Fassi Fihri n’aurait jamais pu postuler pour le poste de directeur du
Centre Cinématographique Marocain, s’il n’avait pas
eu la garantie du ministre de la Communication, l’islamiste Mostapha Khalfi, de
devenir directeur. Et pour l’amour du pognon, s’allier avec le diable, fût-il islamiste-pijidiste, n’est pas
une tare pour les adorateurs du billet vert.
Sarim Fassi Fihri est venu
au Centre Cinématographique Marocain avec l’idée de tuer le cinéma marocain et assassiner les rêves des
jeunes cinéastes marocains qui vivent
dans leur pays le Maroc, pays qu’ils
aiment et ne voudront jamais
quitter. Sarim Fassi Fihri restera
l’instigateur d’une politique cinématographique exécrable car basée uniquement
sur l’encouragement pour les tournages des films étrangers dans notre pays, ce
qui enrichit ses confrères, les courtiers et les prestataires de services cinématographiques,
dont il est descend. Sarim Fassi Fihri doit retourner à ses sociétés est ses
studios de tournages qu’ils pu acquérir grâce à l’argent ramassé dans les
tournages des films étrangers. Comme son prédécesseur, Noue-Eddine Saïl, il ne fait que faciliter l’obtention de
l’avance sur recettes à ses amis et proches, dont la cinéaste Irako-britannique,
Taha Hadid, qui se voit attribuer le Grand Prix du Festival National du Film de
2015 pour son long métrage anglais sur la guerre américaine en Irak, dont le
scénario fut déposé par Sarim Fassi Fihri pour l’obtention du fonds d’aide en
2008. Et c’est Bensalem Himmich, président de la commission du fonds d’aide à
cette époque, qui lui accorda cinq millions de dirhams. Mais trop préoccupé à servir les tournages
étrangers au Maroc, Sarim Fassi Fihri file les cinq millions de dirhams à la prestataire
de services cinématographiques, Khadija Alami, pour s’occuper du film de Taha Hadid
qui finira par voir le jour en 2014. Taha Hadi sera choyée par Sarim Fassi
Fihri qui la nomme présidente du jury du court métrage, du jury du festival du
film documentaire, membre du jury du dernier festival de Marrakech, et lui
donne un bon million de dirhams du fonds d’aide pour réaliser un documentaire.
Comme dit le dicton «Il y a anguille sous roche».
Que de magouilles et d’escroqueries, que de mascarades
et de sinistres farces, ont été commises au nom des tournages des films étrangers sur
le sol et dans les sites de notre pays. Des tournages qui n’ont jamais permis,
depuis plus de cinquante ans qu’ils se déroulent au Maroc, la création d’un
seul directeur de la photo, d’un ingénieur du son ou d’un seul comédien ayant
atteint une stature internationale. Hélas. Rien que des figurants et des
figurantes, qui ont trimé dix heures par jour, par canicule ou froid glacé,
pour toucher un cachet journalier entre cent et
deux cents dirhams, très souvent facturé cinq fois plus par les requins
intermédiaires et les gloutons prestataires de services cinématographiques aux
profits des sociétés qui les mandatent, dont celle de Sarim Fassi Fihri, le
même Sarim Fassi Fihri qui se proposa de
me donner cinquante mille dirhams si je mettais son nom sur le générique de mon
5ème film KOMANY, comme co-producteur. Je l’avais envoyé
paître, comme je l’avais bien expliqué dans « L’Homme en question »,
une émission de 2M.
Au royaume des inerties renouvelables, le
renouvellement des contrats de fonctionnaires ou leur maintien à leurs
postes, alors qu’ils ont atteint l’âge de la retraite, n’est pas pour
ouvrir la voie vers un avenir radieux pour les jeunes, marocaines et marocains,
qui rêvent d’un autre Maroc, un nouveau Maroc, totalement différent de l’actuel
Maroc, qui demeure continuellement saigné à blanc par les imposteurs, les
faisans, les escrocs, les charlatans politiques, les marchands de la religion et
les démarcheurs pour l’entrée au paradis. Notre pays se doit de valoriser,
d’abord, ses enfants, qui sont nés sur son sol et grandi en son sein. Notre
pays doit cesser de se sentir inférieur et complexé vis-à-vis de tout ce qui
vient de la France ou de Navarre. Notre pays n’a pas besoin de financer des
lobbies étrangers pour faire lui son image à l’étranger. Non. Nous n’avons pas
besoin de cette mascarade pour faire aimer notre pays. Notre pays sera grand
quand ses citoyens se sentiront grands, parce
que valorisés et non méprisés et marginalisés. Le Maroc deviendra grand, quand les
belles compétences ne seront plus combattues ; notre pays avancera quand
le royaume brillera de mille énergies et non d’inerties.
Rabat, dimanche 10 février 2019
Nabyl Lahlou
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