Il est 22 heures 10 mn quand je dépose plainte verbale puis écrite
contre Mustapha Alaoui, haut fonctionnaire de la SNRT
Monsieur le commissaire, je suis venu à la Wilaya de la Sûreté du Souissi pour déposer plainte contre Mustapha Alaoui et pour savoir si la police a le droit de s’emparer de mon cartable, sans raison valable.
Le commissaire Rahhal, me reconnaissant, se met à me parler de mon film Le gouverneur général de l’ile de Chakerbakerben. Puis, poliment et gentiment, il me demande si des témoins ont assisté à la scène et pu voir Mustapha Aaloui me frapper.
Je lui réponds que trois agents de sécurité de l’hôtel Sofitel ont tout vu et entendu. Et ce sont eux qui ont intervenu pour me protéger des coups de Mustapha Alaoui. Il y avait aussi un photographe qui a pris plusieurs photos pendant que Mustapha Aaloui me frappait. (1).
Ceci dit, monsieur le commissaire, ce n’est pas le fait d’avoir été frappé et insulté par Mustapha Alaoui qui va me marquer. Je pardonne à ce bougre. J’aurai pu me mettre à crier haut et fort en me défendant, quand il s’est mis à me frapper et à m’insulter, et ce en lui rendant coup pour coup, ce qui aurait probablement provoqué l’annulation de l’amission. Non, j’ai préféré garder mon sang froid et encaisser. J’ai horreur du tapage publicitaire. Cependant, je suis venu surtout pour savoir si la police a le droit de me prendre mon cartable sans raison. Voilà pourquoi je suis venu déposer plainte.
Le commissaire Rahhal m’indique un banc noir composé de chaises noires en plastic, en me demandant d’aller m’asseoir en attendant la venue du commissaire responsable de la permanence.
Dix minutes plus tard, le commissaire responsable de la permanence arrive. Je lui raconte tout ce que j’ai déjà dit à monsieur Rahhal, plus des détails sur le sens et le contenu de la lettre ouverte que j’ai distribuée.
Le commissaire demande qu’on lui apporte une feuille blanche. Un policier lui présente deux feuilles blanches. Le commissaire me les donne. Je le regarde interrogatif en lui demandant si je dois raconter par écrit ce qui s’est passé. Il me répond par oui. Je lui demande gentiment son nom. Il me le donne en souriant commissaire Boutayeb.
Je prends mon stylo et j’écris : « Je, soussigné Nabyl Lahlou, metteur en scène de cinéma, détenteur de la CIN numéro A211184, demeurant au 10, rie Hossein1er à Rabat, reconnais devant la Permanence de la Sureté du quartier du Souissi, représentée par le commissaire Mohammed Boutayeb, et en présence de ce dernier, avoir fait l’objet de coups, d’insultes et de menaces de la part de monsieur Mustapha Alaoui, haut fonctionnaire de la SNRT.
Cette lâche agression s’est produite vers 21 heures 20 minutes, juste après que monsieur Mustapha Alaoui, me voyant distribuer une lettre ouverte (2) aux personnes venues assister à son émission Hiwar, me demanda de quitter les lieux en me poussant méchamment hors du grand salon de l’hôtel Sofitel qui abritait son émission. Outre les coups lâches et violents que Mustapha Alaoui me donnait sur ma nuque et à l’arrière de ma tête, tout en me tirant par ma maigre queue de cheval pour me faire tomber, sous le regard de deux agents de la sécurité de l’hôtel Sofitel qui finirent par intervenir pour que Mustapha Alaoui cessât de s’acharner librement sur moi, en me frappant, en m’insultant, en me menaçant et en bavant et vociférant : « Je vais te donner un coup de tête mortel ! Je suis Mustapha Alaoui. Tu dois savoir qui est Mustapha Alaoui ! Appelez la police !». il m’arracha violemment mon cartable (3) de la main, pendant que les agents de la sécurité de l’hôtel Sofitel me firent sortir dehors, en me conduisant jusqu’à ma vieille voiture. Avant de me mettre u volant, je demande aux agents de la sécurité de l’hôtel Sofitel de me laisser aller récupérer mon cartable. L’un d’eux me rétorque que mon cartable est entre les mains de la police » (4)
Avant de quitter le commissaire Mohammed Boutayeb (qui a bien voulu me dire son prénom), j’ai relu la plaque collée au mur rappelant un fragment d’un discours de feu le roi Hassan II de 1993 : « Nous somme fier de notre police qui est au service des citoyens…( 5)
Rabat, le 3 mai 2011
Signé : Nabyl Lahlou
(1) J’espère que ce photographe ne fera l’objet d’aucun chantage
(2) Lettre ouverte à Faïçal Laaraïchi pour demander son jugement et sa démission, lettre distribuée par moi-même, le mercredi 26 avril. Publiée par le magazine LA VERITE du vendredi 27 avril 2011
(3) Mon cartable contient une vingtaine d’exemplaires de la lettre ouverte que j’ai adressée à Faïçal Laaraïchi ainsi qu’un tract de »mandant sa démission
(4) Je jure sur l’honneur que tout ce que j’ai dit et écrit, est la pure vérité.
(5) Extrait d’un discours de feu Sa Majesté le roi Hassan II , en 1993.
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