Emir Kusturica va-t-il se taper deux fois
Narjiss Nejjar et son amante du Rif ?
Le 2 décembre 2010, à l’occasion de la tenue de la 10ème édition du Festival international du Film de Marrakech, j’adresse une lettre ouverte au cinéaste américain Francis Ford Coppola, invité par la veuve Melita Toscan du Plantier, la directrice générale de ce Festival franco-français, pour donner sa « Leçon de cinéma ». Une leçon de cinéma pour les cinéphiles et les étudiants en cinéma qui vivent dans un pays, le Maroc, qui ne possède qu’une quarantaine de salles de cinéma, ne dispose d’aucun producteur de films, au vrai sens du mot, et qui manque atrocement de vrais directeurs de photographie d’ingénieurs du son pour les tournages en 35mm car il en a à peine deux ou trois.
Manfred Stassen, philosophe et spécialiste de l’œuvre d’Albert Camus, me propose, lui qui est né dans le pays de Nietzche et de Brecht, de traduire ma lettre ouverte en anglais. Une fois traduite, je l’envoie à Francis Ford Coppola, par courriel et sous-couvert de Samuel Kaplan, ambassadeur des Etats-Unis à Rabat, que j’aurais vraiment aimé voir jouer un rôle important dans mon film Regarde le Roi dans la lune, film dans lequel le philosophe Manfred Stassen m’a fait l’honneur d’interprète le rôle du Maréchal Lyautey.
La publication de cette lettre ouverte par l’hebdomadaire marocain LA VERITE, poussa les complexés et les prisonniers du complexe d’infériorité et de la petitesse et étroitesse marocinbes, à brandir leurs plumes pour crier au blasphème parce qu’ils se sont sentis agressés par ce passage de ma lettre ouverte à l’auteur d’Apocalypse now : « Contrairement à vous qui êtes né dans le pays où les rêves les plus fous et les plus inaccessibles voient le jour et s’épanouissent, moi, qui ai ouvert les yeux dans « Le « plus beau pays du monde », mes rêves les plus modérés sont étouffés à leur état embryonnaire. Les grands rêves susceptibles de balayer la féodalité et l’archaïsme qui gangrènent le pays, sont prohibés. Je le sais encore aujourd’hui, tout comme je l’ai su hier, c'est-à-dire, il y a une cinquantaine d’années, quand ma première pièce de théâtre a été interdite au public de mon pays. C’est pourquoi, tout en sachant que je suis aussi créatif et imaginatif que vous, aussi talentueux et génial que vous, je vous dis, cher Francis Ford Coppola, cher géniteur de Conversation secrète, que je n’aurai jamais ni les moyens financiers ni le droit à la liberté d’expression la plus élémentaire pour tenter, de mon vivant, caresser le rêve de réaliser un seul beau et grand film. Et comme je l’ai annoncé il y une trentaine d’années, c’est finalement chez Allah, Allah mon producteur et protecteur, que je réaliserai mon premier et mon plus beau premier film.»
Aujourd’hui, vendredi 2 décembre 2011, une année est passée, jour pour jour, depuis ma lettre ouverte à Francis Ford Coppola, que j’avais titrée BIENVENUE AU PLUS BEAU PAYS DU MONDE.
Pour cette 11ème édition du Festival international du Film de Marrakech, festival franco-français, toujours dirigé de main de maître - dois-je dire de maîtresse ? -, par la veuve Melita Toscan du Plantier, je ne vais pas écrire de lettre ouverte à Emir Kusturica qui a quelque chose de Nabyl Lahlou en lui. Non. Je vais parler de ce qui me paraît comme une mascarade inacceptable et indigne d’un festival international de cinéma qui se respecte. En effet, comment le Festival international du Film de Marrakech, qui demeure à mes yeux un festival franco-français, et qui depuis 2001 qu’il est à l’image de Cannes, Berlin et Venise, peut-il accepter de programmer le même film pour, et la cérémonie d’ouverture, et pour la compétition officielle ? C’est à L’amante du Rif, un film franco-belgo-marocain réalisé par Nargiss Nejjar, qu’échoit l’honneur de présenter le Maroc aussi bien à la cérémonie d’ouverture qu’à la compétition officielle qui se passera sous l’œil vigilant d’Emir Kusturica que la veuve du Plantier a choisi comme président du jury de cette 11ème édition du FIFM.
Kusturica va-t-il être obligé de se taper deux fois Nargiss Nejjar et son Amante ? Ce ne sera pas du tout sérieux de la part de ce génial cinéaste, cet ancien amateur de football qui aurait pu évoluer à L’Etoile de Belgrade, mais que le destin a choisi pour étonner et secouer nos sens avec ses belles et ludiques créations cinématographiques, comme aurai pu le faire Nabyl Lahlou s’il avait vu le jour ailleurs que dans le MAROC DU PROTECTORAT qui perdure
Il a vraiment quelque chose de Nabyl Lahlou, cet Emir Kusturica qui va devoir couronner le meilleur film de ce 11ème Festival International du Film de Marrakech qui, depuis 2002, n’a retenu pour la compétition officielle aucun film marocain, un film réalisé par un cinéaste marocain qui ne vit et ne travaille qu’au Maroc, et qui ne possède que sa seule nationalité marocaine. Tous les films, soit disant marocains, choisis pour la compétition du FIFM, par Bruno Barde, le deuxième patron de ce Festival franco-marocain, sont des films faits par des franco-marocains ou des marocains vivant à l’étranger et notamment en France. Des films qui possèdent trois nationalités comme c’est le cas pour L’AMANTE DU RIF, film franco-belgo-marocain, qui fait l’ouverture, et le film MORT A VENDRE, film franco-allemand-marocain qui fait la clôture.
Rabat, vendredi 2 décembre 2011
Nabyl Lahlou
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