Monsieur Nour-Eddine Saïl,
Directeur général du Centre Cinématographique Marocain
Monsieur le directeur général,
En juillet 2004, vous avez eu la clairvoyance de m’accorder 50% de la dernière tranche de l’aide pour pouvoir terminer le tournage de mon 8ème film : PROCÈS D'UN RIPOU NOMME TABITE, RENOMME TABITE OR NOT TABITE. Ce versement des 50% de la dernière tranche était largement justifié par la perte d’argent et de temps, dus à l’incompétence de deux assistants caméraman qui ont été la cause de la perte de plus de dix sept scènes du film, tournées en flou. Je me permets de vous envoyer des copies des lettres que je vous ai adressées en juillet et août 2004 , aussi bien pour dénoncer ces techniciens du secteur privé, que pour justifier ma demande des 50% de la dernière tranche. Je tiens à préciser qu’aucune sanction n’a été prise contre ces deux techniciens qui continuent d’exercer leur incompétence pour ne pas dire leurs sabotages.
Aujourd’hui, le même cas se répète avec mon neuvième film REGARDE LE ROI DANS LA LUNE ou L’ANNEE DES MILLE ET UNE LUNES, qui a souffert de l’incompétence et du sabotage du preneur de son Hicham Amerdass qui s’est permis de déserter le tournage du film en emportant avec lui le matériel du son, causant cinq jours de retard et des pertes d’argent à la production du film. Une longue lettre vous a été adressée à ce sujet pour dénoncer le comportement voyou et inacceptable de ce preneur de son. Aucune sanction, ou mesure disciplinaire, n’a été prise à l’encontre de ce technicien, détenteur de la carte professionnel du CCM, qui lui permet d’exiger six mille dirhams par semaine de travail, pendant que des docteurs d’Etat et autres diplômés chômeurs battent le pavé devant le parlement et ailleurs pour réclamer justice et travail.
Aucune sanction, non plus, n’a été prise de la part de la direction du CCM contre l’imposteur Moncef Nazihi qui se dit producteur, réalisateur et professeur de cinéma à l’Université Al Akhawayne, alors qui n’est dans le fond qu’un loueur de matériel d’audio, qui m’a escroqué en me fourguant un magnétophone de prise de son, défaillant, avec une seule sortie, ce qui nous a causé tant de perte sur les plans financier et technique, puisque nous sommes toujours en train de refaire le son en postsynchronisation de toute la première phase du tournage qui s’est déroulé à Fès du 29 mars au 24 avril 2010. Une lettre à ce sujet vous a été envoyée.
Pour les fonctionnaires du CCM, responsables de la gestion et du fonds d’aide et des autorisations de tournage, que sont mesdames Saloua Zouiten et Laïla Touinsi, ainsi que monsieur Ahmed Bourass et ses assistants, à défaut de sanctions, aucun reproche ne leur a été fait de la part de la direction du CCM pour m’avoir saboté, délibérément, et retardé d’une bonne semaine, la reprise du tournage de mon nouveau film REGARDE LE ROI DANS LA LUNE ou L’ANNEE DES MILLE ET UNE LUNES, programmée pour le 15 juillet 2010, ce qui nous a causé des pertes financières. Deux lettres ouvertes vous ont été adressées à ce sujet. Aucune réaction de votre part vis-à-vis de vos fonctionnaires, volontairement prisonniers des textes du règlement de l ‘avance sur recettes.
Bientôt deux ans vont être écoulés depuis que la commission de l’avance sur recette, présidée par le professeur Mohammed Gallaoui, m’a accordé difficilement ( et sans doute à regret pour la majorité de ses membres), trois malheureux millions de dirhams pour réaliser un film qui traite de 90 ans de l’histoire de notre pays, alors qu’elle a accordé entre quatre et cinq millions de dirhams à des cinéastes sans talent ni vision, dont les films se tournent en quatre semaines.
2 225 000,00 dirhams m’ont été alloués depuis le 20 mars 2010. Avec ces 2 225 000,00 dirhams, j’ai réalisé 94% de mon film, soit une heure 47 minutes du film, qui sont déjà montés au niveau du négatif 35mm. Ces tournages ont eu lieu sur trois phases, du 29 mars au 24 avril et du 20 juillet au 10 août 2010, puis du 23 mars 2011, au 15 avril 2011. C’est vraiment criminel de voir que le tournage de mon film a été victime de sabotages dûment montés contre ma personne par des responsables de la gestion du fonds d’aide et des autorisations de tournage.
Tous ces sabotages me semblent bénéficier de votre sournoise bénédiction, étant donné que depuis plus de six mois, vous persistez, et d’une manière injuste et illégitime, arrogante et indigne d’un haut responsable comme vous, nommé par sa Majesté le roi Mohammed VI, à refuser à ma société de production une partie de la quatrième tranche de l’avance sur recette pour que je puisse terminer mon film : REGARDE LE ROI DANS LA LUNE ou L’ANNEE DES MILLE ET UNE LUNES.
Pour terminer ma lettre, je vous demande, vous qui êtes payé à plus de 75 000,00 dirhams par mois, vous qui venez au CCM quand cela vous chante, conduit par un chauffeur dans une BMW dont le prix dépasse les 400 mille dirhams, je vous demande donc de faire appel au bon sens et à la raison, en votre qualité de responsable de la bonne marche du cinéma marocain, pour cesser de nous saboter, moi et mon épouse Sophia Hadi, qui ne vivons que de notre métier qui est le théâtre et le cinéma. Je vous demande à vous, vous, que l’absence de justice fait durer à la tête du Centre Cinématographique Marocain, je vous demande de ne plus vous opposer comme vous le faites depuis le 15 avril 2011, à la reprise du tournage des scènes qui me restent à réaliser, et ce en acceptant, comme vous l’avez fait pour vos amis cinéastes qui n’ont toujours pas terminé leurs films, d’accorder une partie de la quatrième tranche de l’avance sur recettes, ou de bien vouloir m’établir une attestation qui stipule qu’une partie de la quatrième tranche de l’avance sur recettes, sera versée au compte bancaire au nom LOUKKOS FILM / L’ANNEE DES MILLE ET UNE LUNES, ce grand film qui retrace 90 dix ans d’une partie de l ’histoire de notre pays…
C’est vraiment triste et lamentable de me voir passer ma vie à écrire des lettres, au lieu d’être encouragé et soutenu, à mon âge, pour monter des pièces de théâtre et réaliser mes films.
Est-ce bien là le Maroc de Mohammed VI dont j’ai rêvé ?
Rabat le 5 septembre 2011
Signé Nabyl Lahlou
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