dimanche 21 juillet 2019

CRÉATEUR JE SUIS, CRÉATEUR JE MOURRAI

CRÉATEUR JE SUIS, CREATEUR JE MOURRAI
C’est la deuxième fois qu’une équipe journalistique du site Le 360 m’honore en se déplaçant au Théâtre Mohammed V à Rabat   pour m’interroger sur mes deux dernières créations théâtrales : LA CHUTE et ALI IXE, présentées au Théâtre Mohammed V à Rabat, respectivement, le 26 avril 2019 et le 18 juillet 2019. Merci au site Le 360 pour l’intérêt qu’il a porté à mes deux dernières créations dont les premières représentations remontent au 1er avril 2013 pour LA CHUTE et au 15 novembre 2013 pour ALI IXE MIRACLE DU 30 Février. Depuis que Sophia Hadi a donné la première représentation de LA CHUTE, les spectateurs, unanimes, lui exprimèrent leur admiration pour sa prestation de deux heures et demie. Des écrivains, français et marocains, des professeurs du Lycée Descartes ainsi que des journalistes de renom aimèrent son interprétation et l’encensèrent à travers des écrits et des articles.  Et  malgré cet immense succès d’estime, LA CHUTE n’a jamais pu remplir, ne serait-ce qu’à moitiée, l’orchestre du Théâtre Mohammed V où elle a été présentée plus d’une vingtaine de fois  grâce au soutien de son directeur. Plus de vingt représentations    pour la joie et le bonheur des spectateurs européens et marocains,   amoureux de Camus. Quant à ALI IXE MIRACLE DU 30 FEVRIER, l’absence du public marocain cultivé en arabe est honteusement outrageuse. Les raisons principales de la désertion des salles de cinéma et des théâtres par le public  ne vient pas de l’absence de l’information et de la communication, mais du vieillissement qui a atteint les méninges de nos élites, culturelles et politiques, dont la progéniture semble suivre le même chemin et cheminement. Quant au large public marocain, issu des milieux modestes populaires, il est appauvri intellectuellement et visuellement, par des spectacles abrutissants et des débats où la langue de bois valse avec la censure et l’autocensure,  que lui jettent en pâture les télévisions officielles et privées ainsi que la majorité de sites électroniques.  Des spectateurs devenus abrutis et incapables de comprendre et d’accepter un discours théâtral, drôle, intelligent, humoristique, philosophique, politique et poétique, qui ne veut que  leur bien. Robotisée, dépersonnalisée et non encadrée culturellement  dans l’ère du numérique et du digital,  la jeunesse de notre pays  doit être tirée vers le haut, c'est-à-dire vers plus de responsabilité, de dynamisme, d’humanisme, d’amour et de fraternité qu’elle peut trouver dans le Théâtre et la Culture, modernes, deux facteurs d’épanouissement qui ouvrent les esprits sur l’universel et qui  barrent la route, en les combattant, à toutes sortes d’obscurantismes, d’intégrismes religieux, de fanatismes, de racisme et d’´ignorance. Dans notre pays où LA PENSEE décline quotidiennement, et LA PANSE se remplit de plus en plus, seule l’audace créative et provocatrice contribuera à sortir la société de la torpeur et du sommeil séculaires qui les frappe, non pas seulement à cause du déclin de la pensée et de la panse, qu’elle soit pleine ou vide, telle que je l’avais montré dans ma première pièce de théâtre LES TORTUES, écrite en 1969 et présentée au Théâtre Mohammed V, l’année suivante. Le combat théâtral continue et continuera jusqu’au dernier souffle. Créateur je suis, créateur je mourrai.
                                                                           Rabat 21 juillet 2019 :
                                                                           Nabyl Lahlou

P.S : Dans le reportage que Le 360 a consacré à ALI IXE, madame Touria Guessous propose que je sois le futur directeur du futur Grand Théâtre de Casablanca. A cette amie que je remercie infiniment,   je rappelle que je n’ai  jamais de ma vie accepté d’être un fonctionnaire ou d’avoir un poste.  De même, je remercie Maître Khalid Soufiani, grand militant et président de l’amitié Maroc Irak, et lui  que j’ai toujours décliné les hommages qui m’ont été  proposés, tout  en remerciant  profondément les institutions et les personnes qui ont voulu me rendre hommage.   Artiste solitaire je suis, artiste solitaire je 

mardi 9 juillet 2019

DÉGAGE !


Dégage !

Lorsque j’avais pris la parole pour exposer et expliquer au ministre de la Communication, Mostapha Khalid, les raisons qui font que notre cinéma marocain est toujours petit, pauvre et insignifiant, c’était au prestataire de services pour les besoins des tournages étrangers sur le sol de notre pays, Sarim Fassi Fihri, choisi et nommé directeur du Centre Cinématographique Marocain par Mostapha Khalfi, que mon propos était destiné. Car ce n’est pas avec un type comme Sarim Fassi Fihri que le cinéma marocain et les cinéastes marocains pourront grandir et créer de belles œuvres cinématographiques.
« Il est impératif et vital d’interdire l’octroi de l’argent du Fonds d’aide à la production cinématographique marocaine, aux agences de publicités, aux sociétés prestataires de services cinématographiques pour les tournages des films étrangers dans notre pays, aux réalisateurs étrangers qui viennent pomper l’argent du fonds d’aide pour leurs films, déjà financés par leur pays, et aux faiseurs de films étrangers d’origine marocaine, nés à l’étranger et vivant et travaillant hors du Maroc », avais-je dit au ministre de la Communication qui m’avait invité en ce 16 octobre 2014 pour assister à une mascarade, appelée Journée National du cinéma marocain. J’aurai pu conclure mon intervention en disant à Sarim Fassi Fihri de dégager du CCM, car un prestataire de services restera toujours un coursier, un ramasseur d’argent facile.

Depuis sa nomination à la tête du CCM, le 14 août 2014, Sarim Fassi Fihri, puissant prestataire de services et riche propriétaire de studios de tournage et de matériel, technique et humain, pour les besoins des tournages de films étrangers dans notre pays, n’a fait que favoriser et choyer ses amis et ses proches, qu’ils soient prestataires de services comme lui, ou cinéastes étrangers, liés au Maroc par « l’odeur de la graisse sur la lame de la hache ». (ريحة الشحمة في الشاقور), comme le faisait impunément son prédécesseur, l’ex-prof de français, Nour-Eddine Saîl.
En cinq ans de direction du CCM, Sarim Fassi Fihri a réparti l’argent du fonds d’aide d’une manière grotesque, scandaleuse et surtout injuste. Ainsi en 2015,  Sarim Fassi Fihri facilita la somme de sept millions de dirhams, prélevés sur le fonds d’aide,  à son ami et complice dans le partage des tournages étrangers, l’ex-directeur du CCM, Souheil Benbarga. Deux ans plus tard, c’est autour de Kouder Bennani, ancien directeur du Centre Cinématographique Marocain, remplacé par Benbarga, de toucher trois millions de dirhams pour faire un documentaire sur l’artisanat marocain, qui a dû être aussi soutenu par le ministère de l’artisanat. C’est la loi de la jungle, la loi du plus fort et du plus puissant qui gère, domine et écrase les petits ; il faut abattre cette loi de  la jungle.
Durant ces cinq années à la tête du CCM, Sarim Fassi Fihri a porté un coup fatal aux cinéastes marocains qui vivent et ne travaillent que dans leur pays, le Maroc, dont ils sont fiers et fiers de leur nationalité marocaine. Durant ces cinq années à la tête du CCM, Sarim Fassi Fihri a favorisé l’obtention de l’argent du Fonds d’aide à la production du cinéma marocain, à des réalisateurs  d’origine marocaine, nés et travaillant à l’étranger. Le résultat est plus qu’accablant : Tous les films, dits marocains, ayant gagné Le grand Prix et plusieurs autres Prix importants,  aux cinq derniers festivals nationaux du film marocain, sont faits par des techniciens étrangers et réalisés par des réalisateurs d’origine marocaine, vivant et travaillant à l’étranger.  Avec un type comme Sarim Fassi Fihri, le film marocain et les cinéastes marocains continueront de subir mépris et indifférence. Quant à ces petits films, dits films marocains, qui sont en réalité des téléfilms, produits par des sociétés étrangères, grâce au Fonds d’aide marocain, Sarim Fassi Fihri, doit avoir honte de claironner et pérorer, comme le faisait, avant lui, son prédécesseur, Nour-Eddine Sail, que « Le cinéma marocain se porte bien et glane des prix partout dans les festivals Internationaux ». Quelle méprise ! Quelle ridicule et stupide propagande.

La réalité de la production cinématographique de films marocains, grâce au Fonds d’aide à la production du film marocain,  est devenue une arnaque, une escroquerie. La majorité des projets de films, bénéficiaires du Fonds d’aide, ne voient le jour que cinq à sept ans après avoir obtenu l’aide, alors que le règlement stipule que tout projet de film, ayant reçu l’aide du Centre Cinématographique Marocain, doit être réalisé dans les dix mois qui suivent l’obtention de l’aide. Attendre entre quatre et sept ans pour faire un film, et deux à trois ans pour que ce film rencontre le public, montre bel et bien l’échec d’une politique cinématographique, menée par un prestataire de services qui n’a absolument rien à voir avec la création cinématographique.
Aller au festival de Cannes pour dépenser deux millions de dirhams en l’espace de vingt jours, comme le faisait son prédécesseur, soit disant pour  promouvoir  le cinéma marocain, est un véritable leurre, doublé d’un gaspillage impardonnable.
Je défie l’actuel directeur du CCM, Sarim Fassi Fihri, comme je défie son prédécesseur, Noureddine Sail, de donner le nom d’un seul film marocain, un film marocain au vrai sens du mot, qui a été vendu à une seule télévision étrangère, ou à un seul distributeurs étranger.
Depuis le début du mois de janvier 2019, la salle du Septième Art, spécialisée dans la projection des films marocains, au prix de vingt dirhams l’entrée, est toujours fermée, privant les spectateurs aux revenus modestes, d’aller voir des films marocains, car ces spectateurs ne pourront payer soixante cinq dirhams pour aller au nouveau cinéma Colisée qui ne projette que des films américains. C’est vraiment une aubaine pour les milliardaires-propriétaires de ce cinéma, qui ont vu Sarim Fassi Fihri leur octroyer la somme de trois millions quatre cent mille dirhams pour la rénovation de leur vieux Colisée, fermé depuis plus d’un quart de siècle.
Il faut aimer son pays pour pouvoir aimer et défendre ses cinéastes créateurs et sa jeunesse créatrice, qui vivent et travaillent uniquement dans leur pays, le Maroc, un pays qui ne peut être exempt d’hommes et de femmes, compétents, pour le servir et le faire avancer. 
 
Sarim Fassi Fihri, dégage !

                                                                                             Rabat 9 juillet 2019
                                                                                             Signé Nabyl Lahlou