lundi 20 janvier 2020

Lettre ouverte à madame l’ambassadeur de France : IL Y AVAIT BIEN UNE PETITE PLACE POUR CAMUS




Madame l'ambassadeur,

Si la devise des Instituts français au Maroc est de servir La Culture Française et La Langue française, - ce qui me parait juste et légitime -, le devoir des directeurs et directrices de ces établissements culturels, qui relèvent du Quai d’Orsay, donc de l’ambassade de France au Maroc, est de s’ouvrir sur les créateurs marocains professionnels qui produisent et réalisent de grandes œuvres théâtrales en langue française, à l’image de LA CHUTE d’Albert Camus, réalisée par la Compagnie du Théâtre Nabyl Lahlou à l’occasion du centenaire de la naissance de son auteur. Créée en avril 2013, LA CHUTE de cet immense écrivain, de ce grand penseur, philosophe, essayiste, romancier et auteur de pièces de théâtre, qu’est Albert Camus, a été accueillie et ovationnée par les étudiants et adhérents des Instituts Français de Meknès, Casablanca, Kénitra et Agadir. Et si le Théâtre Mohammed V par la volonté et le choix de son directeur Mohamed Benhssain, continue, depuis 2013 jusqu’à nos jours, d’accueillir et de soutenir LA CHUTE d’Albert Camus, jouée en langue française par une immense comédienne marocaine Sophia Hadi qui possède également la nationalité française, l’Institut Français de Rabat n’a jamais voulu programmer LA CHUTE, allant jusqu’à refuser d’accrocher l’affiche de cette belle pièce, que ce soit sous la direction de monsieur Bernard Millet, ou de madame Muriel Augri, ou de l’actuel directeur monsieur Pierre Hubert Touchard. C’est triste et désolant de voir un Institut Français, dont la mission première est de faire rayonner la langue française, saboter un grand auteur comme Camus. Pour ma part, j’ai toujours aimé la langue française que j’ai toujours défendue comme  la langue de la liberté et de la réflexion. Aussi, voir l’Institut français de Rabat me refuser l’affichage de l’affiche de LA CHUTE, alors qu’il a, gratuitement, le Théâtre Mohammed V, la salle Bahnini, le Musée d’Art Contemporain Mohammed VI, pour y présenter ses spectacles, relève à mes yeux d’une approche qui frôle le néocolonialisme. Notre grande amitié franco-marocaine ne peut réussir et être acceptée et aimée que si les Instituts français au Maroc s’ouvrent sur la langue arabe et acceptent de programmer de grandes œuvres en langue arabe.

Rabat, le 20 janvier 2020
Nabyl Lahlou