dimanche 1 mars 2020

LE COURAGE ET L’AUDACE DE TOUT RECOMMENCER À ZERO

LE COURAGE ET L’AUDACE DE TOUT RECOMMENCER À ZERO


Itinérant dès sa première édition, tenue à Rabat en 1982 au cinéma 7ème Art, aujourd’hui fermé depuis janvier 2019 par le directeur du CCM, le Festival National du film (FNF) vécut sa dernière édition itinérante à Oujda, en 2003, au cinéma Le Paris, enterré depuis une quinzaine d’années sous les fondations d’un immeuble d’habitation. A partir de 2005, soit un an après sa nomination à la tête du CCM, Noureddine Saîl, ancien directeur général de 2M et ancien démarcheur pour la vente de décodeurs au profit de la chaîne française Canal Horizon, fit de Tanger le siège permanent du Festival National du Film, privant ainsi plusieurs villes marocaines de l’accueillir à tour de rôle.  Et depuis sa première et nouvelle édition tangeroise, le patron du Festival National du Film,  qui est aussi le patron du CCM, ouvrit la compétition à des films à 100% français ou belges, et à des films réalisés par des cinéastes d’origine marocaine, vivant  et travaillant à l’étranger. Le sieur Saîl, redevable à la France pour ce qu’elle a fait et fait pour lui, va démarocaniser  le jury FNF pour le bâtardiser, c’est à dire le composer d’étrangers et le faire présider par des étrangers, alors qu’il a toujours été présidé par des marocains et composés de marocains, dès sa première édition en 1982. 
Que de mascarades honteuses, répugnantes, dégoûtantes et révoltantes marquèrent les divers Palmarès des Festivals du Film National,  tenus sous le triste et long règne de Noureddine Saîl à la tête du CCM. Rien ne changera sous la direction de son remplaçant, l’arrogant prestataire de services, imposé à la tête du CCM en 2014 par l’islamiste Mostapha Khalfi, ministre de la Communication à cette triste époque, époque qui n’a rien à envier à la présente, dont le chef du gouvernement est l’islamiste Saad Eddine El Othmani, qui n’a pas pu trouver de remplaçant à l’actuel directeur du CCM, dont l’âge de la retraite a bel et bien sonné depuis deux ans.

Cher Chakib Benmoussa, courage! Courage! Courage! Car le nouveau modèle de développement pour une nouvelle politique progressiste pour notre pays ne peut voir le jour qu’avec, également, de nouveaux talents, libres, audacieux, créatifs et bénéficiant d’une grande confiance.

Sous le règne de Noureddine Saîl, les résultats des Palmarès du FNF, c’est à dire, la distribution des Prix, étaient cuisinés discrètement par le patron du CCM qui savait, avant même  l’ouverture du FNL quel film allait recevoir Le Grand Prix. Son remplaçant, Sarim Fassi Fihri, le prestataire de services qui a bâti sa fortune en louant les hommes et les bêtes pour les besoins des films étrangers, tournés sur le sol de notre pays, avait convaincu le jury du 16ème FNF,  présidé pourtant par un homme intègre, l’écrivain et penseur, Mohamed Berrada, de donner le Grand Prix du 16ème Festival du Film National à un film britannique, fait par une réalisatrice  britannique, dont la grand-mère est d’origine marocaine. Ce film, pour lequel Sarim Fassi Fihri, en tant que prestataire de services, avait reçu, en 2008, cinq millions de dirhams de la part de la Commission du Fonds d’aide, présidée par Bensalem Himmich, qui se verra nommé ministre de la Culture en 2010, n’avait pu être « produit » par Sarim Fassi Fihri qui jeta l’éponge en léguant les cinq millions de dirhams à la prestataire de services, Nadia Alami, qui mènera à terme la production de ce film britannique, en 2014. Ainsi, sa réalisatrice Tala Hadid, présentera son film La Nuit entr'ouverte au 16ème FNF, tenu à Tanger en 2015, et remportera le Grand Prix. Pauvre Mohamed Berrada à qui Sarim Fassi Fihri avait fini par lui faire avaler que La Nuit entr'ouverte était un film marocain. Aussi, au 20ème FNF, tenu à Tanger en 2019, le directeur du Forum de Berlin et son assistante présidèrent le jury qui ne couronna que des films faits par des cinéastes français ou italiens, d’origine marocaine, vivant et  travaillant à l’étranger. Ce même directeur du Forum de Berlin et son assistante se verront confier, la même année, la direction du Festival International du Film de Marrakech. Mon Dieu! Vingt ans après sa création, le FIFM est toujours dirigé par les étrangers.

Cher Chakib Benmoussa, tant que le citoyen marocain continuera à se sentir dévalorisé et marginalisé, pour ne pas dire méprisé, il ne trouvera aucune force ni enthousiasme pour bouger pour le bien de son pays. Il ne se sent pas concerné car il ne voit pas de changement le concernant.
 
Comme c’est dégradant et déshonorant pour les trois directeurs successifs du CCM de faire des magouilles, au nom du copinage et du partage du gâteau, leur insignifiante  politique  cinématographique. Je le répète encore une énième  fois (la première fois, c’était en 1992) : Le CCM est une institution morte. Elle ne fonctionne plus. Elle doit céder ses nombreux locaux et terrains pour plus d’utilité et de rentabilité. 
 
Cher Chakib Benmoussa, avez-vous eu vent de mon article BON VENT POUR LES 35 BENEVOLES. C’est dans cet article que j’ai proposé que les très nombreux bâtiments et terrains vides du CCM soient transformés en un hôpital pour trois cent cinquante mille âmes.  
L’Etat doit fermer le CCM car il n’est d’aucune utilité publique. Cent cinquante fonctionnaires touchent leurs mandats mensuels, sans rien faire de spécial ou d’extraordinaire. Le directeur du CCM Sarim Fassi Fihri, a fait démolir tous les bureaux du CCM pour les reconstruire par une entreprise, sans que cette dernière passe par l’appel d’offre. Heureux l’architecte entrepreneur qui a raflé la mise. Un véritable cadeau, tombé du ciel ou issu du copinage qui reste sacré au royaume des inerties renouvelables.  
En 1980, le nombre de salles de cinéma dépassait les deux cent cinquante. A cette époque, le personnel administratif et technique du CCM n’excédait pas vingt personnes. Aujourd’hui, le nombre des cinéma est de soixante, dont quarante salles appartiennent à monsieur Lemoine, le propriétaire des Megarama. Aujourd’hui, les films sont numérisés et projetés par satellite. Les recettes sont transmises par internet. Les Megarama sont exhonorés d’impôts. A quoi peut donc servir le CCM, si ce n’est à rien. Strictement à rien. Son existence n’est lié ni à l’octroi des autorisations de tournage, ni à l’organisation du Festival National du Film qui peut parfaitement être confiée à une agence de communication ou à la direction des Arts qui relève du ministère de la Culture. 

Le festival National du film se doit de redevenir itinérant pour se tenir chaque année dans une ville marocaine différente. Son jury ainsi que ses membres doivent être marocains. Il faut valoriser l’individu marocain. Sarim Fassi Fihri comme Noureddine Saîl resteront toute leur vie redevables aux Français. 
Le choix d’une française pour présider le jury de ce 21eme Festival National du Film, et la composition de ce jury par des cinéastes et des gens, vivant et travaillant à l’étranger, prouve bel et bien  que le complexe d’infériorité, vis à vis de ce qui est étranger, et particulièrement français,  continue de faire des ravages et des ravages.

Cher Chakib Benmoussa, au secours!

Rabat 1er mars 2020
Nabyl Lahlou