lundi 30 décembre 2019

Lettre ouverte : SOYEZ OUVERT, MONSIEUR LE PRESIDENT TEBBOUNE

Lettre ouverte 
SOYEZ OUVERT, MONSIEUR LE PRESIDENT TEBBOUNE. 
Monsieur le Président,
Depuis le déclenchement des revendications, justes et légitimes, du peuple algérien frère, demandant l’instauration d’un régime civil et la fin de la main mise de la Grande Muette sur le pays et ses richesses, jamais la devise de la République Algérienne Démocratique et Populaire : Par le Peuple et pour le Peuple, ne m’a paru aussi belle, aussi exaltante et aussi forte et vraie que je l’ai faite mienne, moi, qui suis un sujet de Sa Majesté le roi du Maroc, dont la devise est ALLAH LA PATRIE LE ROI. Je me sens un tantinet concerné et légitimement motivé pour parler de l’Algérie et de mon amour pour votre pays, amour qui remonte à ma rencontre avec un camarade de classe au Collège Moulay Idriss, avec qui nous partageâmes le même banc de la 6eme à la 4eme. Ce camarade me racontait régulièrement les combats héroïques et exemplaires des moudjahidines et de l’armée de libération contre la France qui occupa l’Algérie par la force des armes, et qui, un siècle et demi plus tard, se voit chassée de l’Algérie par la force des armes. Le jour de l’Indépendance de l’Algérie, les larmes de joie et de bonheur coulèrent sur les visages des Marocains et des Marocaines pour qui votre pays et le peuple Algérien étaient comme le Maroc et le peuple Marocain. Dix ans après l’indépendance de votre pays, Mostapha Kateb, directeur des théâtres en Algérie, ayant assisté à une représentation de ma pièce de théâtre Ophélie n’est pas morte que je jouais avec Michel de Meaulnes au théâtre Le Lucernaire, me proposa de venir à Alger pour enseigner le théâtre à l’Ecole Bordj El kifane. Avec nos deux enfants, Chams, âgé de trois ans, et sa petite sœur Assad, âgée d’un an et demi, nous partîmes, mon épouse et moi, au volant de notre voiture d’occasion, une Peugeot 405, pour l’Algérie, armés de notre idéalisme et de notre sens de la solidarité et du sacrifice comme nous l’avions prouvé sincèrement en acceptant d’habiter dans un bureau au quatrième étage d’un bâtiment  administratif, aménagé en chambre d’hôte, sans cabinet de toilette ni eau ; il nous fallait descendre les quatre étages pour chercher l’eau. En attendant de déménager dans un appartement, ma femme, Eveline, agrégée de lettres classiques, enseigna bénévolement le français aux futurs comédiens, pendant que moi, je les initiai à la pratique théâtrale, loin des discours théoriques. Parallèlement, je montais au théâtre National d’Alger, ma pièce La Grande kermesse, devenue Azzerda, sur proposition de Mostapha Kateb. Si les élèves de première année, tous des fils de chouhada, des orphelins, finirent par apprendre à rire, facilement et spontanément, eux qui ne pouvaient même pas sourire, pour les futurs comédiens et comédiennes de la 4ème et dernière année, qui intègreront le TNA, danser un slow en serrant sa partenaire contre soi, était inacceptable. Dieu le père! Le FIS rôdait-il déjà en 1972 ? Et comme je vois sur les photos et dans des reportages télévisés, les Algériens et les Algériennes, qui réclament la fin du régime militaire, défiler séparément, je me dis que le fantôme du FIS est revenu. Mais revenons à Bordj El Kifane que nous quittâmes pour un appartement aux Anassir que nous abandonnions, un soir, avec toutes nos affaires, pour quitter, dans la précipitation, l’Algérie, car je ne me sentais plus concerné par un pays que je croyais socialiste, humaniste et libre. Je me sentais moins libre comme Vaclav Haval, qui en bava sous le régime communiste de son pays. Nous roulâmes toute la nuit et faillîmes être renversés par un sanglier. Arrivés à la frontière Jouj Bral (Les deux mulets), nous présentâmes nos passeports à un jeune officier qui, me reconnaissant, n’osa pas manifester sa joie envers moi, de peur d’être accusé de faire du favoritisme. Il regarda nos passeports puis me les rendit en me disant sur un ton autoritaire : File vite. Rentre chez toi. C’était pour nous une chance divine, car si nous étions tombés sur un autre officier, il nous aurait refoulé à Alger pour faire nos cartes de séjour. Bonjour la bureaucratie. J’ai évoqué cet officier, qui n’était autre que mon camarde du collège Moulay Idriss, sous le nom de Rachid Ghozali, dans deux scènes dans mon dernier film Regarde le roi dans la lune, dont le directeur de la photo et l’ingénieur du son, sont de des frères algériens, comme ceux qui signèrent l’image et le son de deux autres de mes films. L’Algérie était bien ancrée dans mon cœur pour que je décline toute invitation venant de mes amis algériens. Ainsi, en pleine montée du FIS, je m’étais rendu à Alger à mes frais, en compagnie de ma deuxième femme, la comédienne Sophia Hadi, pour présenter gratuitement quatre de mes films dans la Cinémathèque d’Alger et celle de Blida. C’était sur une invitation du directeur des cinémathèques algériennes. Pendant notre séjour à l’Hôtel Orasis, j’ai vu, attablés dans le restaurant, des sahraouis aux visages beaux et nobles. Je vous avoue, monsieur le Président, que j’ai eu une vraie envie de me lever, d’aller les saluer et de demander s’ils voulaient bien discuter avec moi du Sahara marocain. Mais j’ai eu peur car je savais que j’étais dans un pays qui a fait de l’affaire du Sahara marocain, un fonds de commerce et un point d’honneur. J’ai longtemps observé les visages, ornés de fines barbes blanches, de ces hommes, de ces sahraouis septuagénaires que je n’ai pu m’opposer aux larmes qui mouillèrent mes yeux. Quel grand malheur pour les pauvres peuples maghrébins de se voir divisés, appauvris, manipulés et dressés les uns contre les autres, au nom d’une sale maladie mentale nommée Pouvoir. En quittant Alger au volant de la voiture dont la vitre de la porte arrière a été cassée, je me répétais sans cesse ; Quel gâchis ! Le colonialisme continue de gangréner nos deux pays pour son bonheur et notre malheur, le malheur des peuples, algérien et marocain Vive L’Algérie, sœur du Maroc. Vive le Maroc, frère de l’Algérie. 

Rabat, 30 décembre 2019 Nabyl Lahlou 

lundi 23 décembre 2019

L'ANGLETERRE NOUS AURAIT-ELLE PIQUÉ L'IDÉE DU ROI SUR LE CHEVALET?




Je me suis souvent demandé qui pourrait être ce fervent serviteur du trône qui a eu l’idée de mettre le portrait du souverain sur un chevalet en bois, commun et ordinaire. Ainsi nous nous sommes habitués, pendant le règne de Hassan II, et maintenant, sous le règne du roi Mohammed VI, à voir les portraits du roi sur des chevalets, posés sur les estrades, sur le devant des scènes des théâtres et des cinémas, à l’occasion  de la tenue de conférences, de colloques, de festivals de cinéma et de théâtre, ou encore pendant les fêtes religieuses. Ces portraits du roi sur le chevalet sont rapidement enlevés et mis dans des placards, des caves ou dans les coulisses, aussitôt le rideau tombé sur l'événement qu'il soit officiel, ou privé. Aucune administration, aucune institution ne peut se passer de la présence du portrait du roi sur le chevalet. Le seul événement qui ne marche pas dans cette "tradition" obligatoire d’exhiber le portrait du roi sur un chevalet, est le festival international du film de Marrakech. Imaginons quelles réactions négatives, pour le pays et son roi, déclencheraient les télévisions européennes, présentes au festival, si elles diffusaient, pendant des secondes bien calculées, les cérémonies d'ouverture et de clôture en présence du portrait du roi sur le chevalet, debout près du jury international.


Ma fille aînée, Assad, issue de mon premier heureux mariage, est née à Rabat mais a grandi en France qu’elle a quittée pour aller s’installer en Angleterre. Après plus de vingt ans passés à Londres, elle vient d’obtenir la nationalité britannique. Je suis très heureux pour elle et pour son conjoint, un pur sujet de Sa Majesté la reine Élisabeth II. La photo de la cérémonie, la montrant heureuse en train de recevoir des mains du maire son certificat de naturalisation, se passe dans un bureau simple où sur un joli chevalet stylisé et ciselé en argent, est posé le portrait de la reine Élisabeth II. En voyant la reine sur le chevalet, j’ai sursauté en me disant que l'Angleterre nous avait piqué notre idée du roi sur le chevalet. J’ai aussitôt téléphoné à ma fille pour lui demander de se renseigner au sujet de la date de mise sur le chevalet des portraits des reines et des rois d’Angleterre. Et pour plus de sûreté, j'ai envoyé un sms à Son Excellence l'ambassadeur de Sa Majesté Élisabeth II, Thomas Reily qui, lors d’une garden party organisée en juin dernier à sa résidence pour célébrer l’anniversaire de la reine Elizabeth il m’avait donné sa carte de visite puis montré ses chaussettes, frappées à l'effigie du drapeau de Grande Bretagne. J'ai apprécié le côté je-m'en-foutiste de cet ambassadeur que j'ai invité à venir au théâtre Mohammed V pour voir LA CHUTE d'Albert Camus, interprétée par Sophia Hadi qui était à mes côtés. L'invitation que nous lui avons envoyée, a mis deux mois avant d'atterrir au bureau d'ordre de l'ambassade britannique.


Sir Thomas Reily daignera-t-il répondre  à mon sms? Sinon, je ne saurai jamais qui, du Maroc, ou de l'Angleterre, a eu, le premier, l'idée de mettre le roi ou la reine sur un chevalet. 


Lundi 23 décembre 2019
Nabyl Lahlou

mercredi 18 décembre 2019

DUR, DUR D'ÊTRE MAROCAIN !


« DUR, DUR D’ÊTRE MAROCAIN ! »

Un ami, qui a lu mon article  « Bon vent aux 35 bénévoles »*,
m’envoie une chronique intitulée : Dur, dur d’être Marocain, signée Fouad Laroui, et publiée le 16 février 2016 dans le site 360. L’ami se demande si Fouad Laroui, membre de la Commission, chargée du nouveau modèle de développement, « ne va pas préconiser la suppression du passeport pour les Marocains ».  

Je lis la prose de Fouad Laroui, qui me révolte et me donne envie de vomir, tellement elle est fausse, bête et gratuitement méchante. Ce n’est pas sérieux de la part de cet ingénieur des Ponts et Chaussées d’affirmer : Tout escroc, tout apprenti-maquereau, tout petit voleur, tout terroriste, est  d’origine marocaine. Autrement dit - mais il ne le dit pas -,  des Hollandais, des Belges, des Français ou des Espagnols, nés en Hollande, en Belgique, en France, ou en Espagne, de parents marocains ou de mariages mixtes. Non ! Ces  gens ne sont pas des Marocains. Ils sont citoyens, Français, Hollandais, Belges et Espagnols. Ils circulent avec les passeports des pays où ils sont nés, ont grandi et dont ils portent la nationalité. Fouad Laroui, dans son « Dur, dur d’être Marocain », tombe, involontairement, mais bêtement, dans le racisme, voire le fascisme, quand il dit qu’il regrette l’époque où le passeport marocain était délivré uniquement aux privilégiés, comme lui, et demeurait pratiquement inaccessible, aux Marocains communs qui sont eux aussi des mortels, comme les Marocains privilégiés. Sur un ton solennel et  pitoyable, il  lance un appel au ministre de l’Intérieur, monsieur Laftite (toujours en poste), lui suppléant  : Par pitié Excellence, pour que nous ayons moins honte des turpitudes de nos compatriotes, rétablissez la quasi impossibilité du passeport. Et surtout rétablissez le certificat de bonnes vies et mœurs qui empêchera ces malotrus de venir ruiner notre réputation en Europe.» 
Fouad Laroui a probablement accouché sa douloureuse chronique sous l’effet d’un aphrodisiaque, ou d’un joint, made in Ketama-Jbel Laroui. 
Il a beaucoup, beaucoup de chance, Fouad Laroui, d’être un quasi inconnu chez le peuple marocain qui, il y a quelques jours, s’est senti insulté et atteint dans sa dignité par le président du parti politique le  RNI, qui lui a dit : S’il y a des Marocains qui ne sont pas éduqués, nous devons les rééduquer. Cette phrase, qui aurait pu être dite autrement, si son auteur avait lu Jules César, a déclenché un torrent de réactions, toutes anti Akhannouchiennes. Oui, Fouad Laroui a de la chance que le peuple marocain ne connaisse pas la langue de monsieur Poquelin. Imaginons dans quel enfer serait tombé l’auteur de « Dur, dur d’être Marocain », si son texte était écrit dans la langue du dâd. Les Marocains n’aiment pas qu’on touche à leur capital composé de leur orgueil et de leur  dignité.

Depuis une trentaine d’années, imposteurs et mercenaires de la plume et de la pensée, ne cessent de tirer profit du  Makhzen qui les choie largement, pourvu qu’il continuent de faire briller son image à l’étranger.
Dans mon message vidéo  « Nabyl Lahlou s’adresse à son roi », j’ai dit à Sa Majesté Mohammed VI que le citoyen marocain n’est vraiment pas valorisé dans son pays le Maroc et que ce sont les étrangers qui le sont, et qui font ce qu’ils veulent dans notre pays, devenu un juteux fonds de commerce. 
Occupe-toi, Fouad Laroui, de ta Hollande où tu vis et travailles depuis des décennies. Ecris sur ce pays que tu dois considérer tien ; écris et dénonce ce qui se passe en Hollande, comme je te l’ai dit, en 2004, suite à l’horrible assassinat du cinéaste Theo Van Gogh par un fanatique hollandais musulman, produit d’une goutte de sperme marocain, qui a vu le jour au pays de Vincent Van Gogh, arrière-grand-père de la victime.

                                                                    Rabat 18 décembre 2019
                                                                          Nabyl Lahlou
* Publié sur mon blog et Facebook

lundi 16 décembre 2019

BON VENT AUX 35 BÉNÉVOLES



 BON VENT AUX 35 BÉNÉVOLES


Il y a une quinzaine d’années, lors d’un vernissage d’une exposition de peinture à la galerie du Crédit Agricole à Rabat, je me suis trouvé face à face avec monsieur Chakib Benmoussa, ministre de l’Intérieur. Je le salue et lui dis que notre pays a besoin de femmes et d’hommes courageux et audacieux pour le faire avancer et sortir de la léthargie régnante. Aussi  vite que Lucky Luck, qui tire plus vite que son ombre, le ministre de l’Intérieur me répond : Sa Majesté est audacieuse. Le 28 janvier de cette année qui tire vers sa fin, l’attaché culturel de l’ambassade du Maroc à Paris, monsieur Tarik  Ramdani que Sophia Hadi venait de contacter pour solliciter le soutien de l’ambassade pour une représentation de LA CHUTE d’Albert Camus à l’Institut du Monde Arabe, nous invite, Sophia Hadi et moi, pour écouter Roland Cayrol, dans le cadre de Les mercredis de l’Ambassade. Monsieur Chakib Benmoussa, l’ambassadeur de Sa Majesté, nous reçoit gentiment dans un beau salon de l’époque napoléonienne et nous présente au  conférencier, assis sur un canapé napoléonien. Parlant de la situation de la Culture et du théâtre dans notre pays, tout en regrettant l’absence d’encouragements et de soutiens de l’Etat, l’ambassadeur annonce avec fierté à son hôte conférencier Roland Cayrol que Rabat va bientôt avoir un grand théâtre, une œuvre importante voulue par les plus hautes autorités du pays. Justement, monsieur l’ambassadeur, à propos de ce grand théâtre de Rabat, savez-vous que nous n’avons pas de techniciens de haut niveau ?  Les professionnels qui présentent leurs œuvres au Théâtre Mohammed V souffrent des incompétences au niveau du son et de la lumière, primordiaux pour tout spectacle qui se respecte. Il faut former les techniciens pour le Grand Théâtre de Rabat. Dites-le à Sa Majesté le roi. 
Après la conférence de monsieur Roland Cayrol, qui parla de son enfance à Rabat où il est né, et où sa maman a enseigné l’arabe classique dans une collège du quartier Les orangers, nous sommes invités à un Thé marocain. Sophia Hadi profite de ce moment convivial pour redire à monsieur l’ambassadeur son souhait de présenter à paris LA CHUTE, avec le soutien de l’ambassade du Maroc. En prenant congé de cet ambassadeur qui m’a désarmé autant par son humilité que sa sincérité et sa modestie, je lui ai fait part de ma déception de ne pas voir  سفارة المملكة المغربية  sur les affiches et les invitations. « À quoi bon. Nous sommes en France ». « Bien sur, monsieur l’ambassadeur, mais nous avons notre souveraineté en tant que المملكة المغربية, royaume du Maroc, dont la langue officielle est l’arabe. Shakespeare dit dans CORIOLAN : "Le feu périt par le feu; un clou chasse un autre clou; un droit renverse un autre; la force périt par la force." J’ajouterai : "un conseil chasse un conseil ; une commission remplace une autre commission". 
Demain lundi 16 décembre 2019, l’ambassadeur Chakib Benmoussa, président de la Commission chargée du nouveau modèle de développement,  se réunira avec les 35 membres de cette Commission, tous bénévoles. Je sais que Fouad Laroui ne prend jamais l’avion dont il a atrocement peur. Sera-t-il présent à cette première réunion? Sans le moindre doute, car il ne peut rater un rendez-vous aussi important qu’historique. Puis, c’est très agréable pour ce néerlandais d’origine marocaine de savoir combien ses chroniques publiées au 360 lui ont apporté comme argent.

Fermer le Centre Cinématographique Marocain pour transformer ses bâtiments en un grand hôpital dont a le plus besoin une population de plus de quatre cent mille habitants, vivant dans une agglomération qui s’étend au-delà de Temara, peut parfaitement relever de cette Commission, présidée par Chakib Benmoussa, car, depuis plusieurs années, le Centre Cinématographique Marocain avec ses nombreux bâtiments, composés de dizaines de bureaux ou squattent des fonctionnaires, d’un hôtel toujours inopérant depuis sa construction il y a plus de 25 ans, d’une grande salle de cinéma appelée cinémathèque ne fonctionnant pas, un laboratoire pour le développement des films fermé définitivement depuis l’avènement du numérique, un terrain de tennis, une piscine, des  garages et des parkings couverts, ne servent tristement à rien. Son budget annuel, c’est de l’argent jeté dans une poubelle. Le Centre Cinématographique Marocain doit dorénavant relever du ministère de La Culture puisque le ministère de la Communication a été supprimé. La Map ainsi que la SNRT resteront parmi les meilleurs défenseurs du Maroc.  

Transformer l’imposant bâtiment du ministère de la Communication, dont le parking est aussi grand qu’un terrain de football, en une cité universitaire avec restaurants et dortoirs, ne peut être que bénéfique pour tous les étudiants et étudiantes à la recherche d’un logement.

Créer un vrai grand ministère de La Jeunesse et des Sports, et un super ministère de La Culture pour valoriser le citoyen et le responsabiliser en lui donnant les moyens pour se former et s’épanouir, ne pourra que contribuer à forger le marocain et la marocaine de demain. 

Les compétences existent dans notre pays. Nous pouvons les trouver partout, mais très rarement au sein des vieux et décadents partis politiques.

Puissent mes petites suggestions trouver un écho favorable. Que la réussite soit avec vous et avec votre Commission. 

                                                            Rabat, dimanche 15 décembre
                                                            Nabyl Lahlou

jeudi 5 décembre 2019


SMALTO A HABILLÉ AL KANFOUDI BIEN AVANT JACK LANG 



En 1978, j’ai tourné une séquence de mon premier film, Al Kanfoudi, dans le très chic magasin Smalto à Rabat. La mort du roi Hassan II, en juillet 1999, entraînera sa fermeture définitive après avoir été dirigé pendant plus de quarante ans par le frère de Francesco, Dominique Smalto, handicapé de la main droite comme l’est l’humoriste français Jamal Debbouze, né d’une goutte de sperme marocain. 


Ayant acheté un billet de LA LOTERIE INTERNATIONALE CONTRE LA PAUVRETÉ, Al Kanfoudi gagne la somme d’un milliard huit cent millions de centimes. Pour la grande réception qu’il va donner pour fêter l’événement,  Al Kanfoudi emmène sa femme et ses proches intimes chez Smalto pour leur offrir des smokings et des robes (payés très chers par la maigre production). Trente cinq ans après avoir habillé Al Kanfoudi, devenu Kanfoudiven, j’apprends par plusieurs journaux français, sérieux et crédibles, comme Le Monde et Le Canard Enchaîné, que la prestigieuse marque de couture Smalto a offert à Jack Lang des fringues d’une valeur oscillant entre cinq et six millions de nos dirhams (deux fois le budget de mon dernier film), le tiers de la somme qu’a gagnée Al Kanfoudi, petit musicien qui rêvait de composer des symphonies pour enfants, mais que le milliard huit cent millions de centimes qui lui tombèrent du ciel tuèrent ses rêves en le transformant en un boulimique disciple de la société de consommation. 

Jack Lang, lui, était un étudiant passionné de théâtre. Sa forte et sincère passion s’est couronnée par la création du Festival International du Théâtre Universitaire qu’il fonda et dirigea de 1963 à 1973. C’était à Nancy, non loin du patelin où il est né. Al Kanfoudi et Jack Lang ont un point commun qui les lie : L’art. Contrairement à Jack Lang, né sous une belle étoile à six branches qui lui ouvrira toutes les voies possibles, y compris celle qui mène au Palais du roi Mohammed VI, Al Kanfoudi, qui vit le jour sous un magnifique ciel bleu, mais dans un petit pays, le Maroc de Hassan II,  ne grandira jamais, ni artistiquement ni musicalement, car les instruments sont grippés et les enjeux, pipés. Jack Lang aurait pu faire la connaissance d’ Al Kanfoudi s’il avait voulu l’accueillir pour une projection, en noir et blanc,  à l’Institut du Monde Arabe à Paris, à l’occasion de la grande manifestation LE MAROC AUX MILLE COULEURS. L’ancien directeur du Piccolo Teatro de Milan, aurait dû également recevoir le père d’Al Kanfoudi, qui lui avait adressé plusieurs lettres, dès août 2014, pour proposer de présenter LA CHUTE d’Albert Camus, jouée par l’immense Sophia Hadi, dans le cadre du MAROC AUX MILLE COULEURS. Hélas ! Les millle couleurs étaient beaucoup plus tricolores que rouge-vert. «La goutte de sperme ne crée pas l’identité nationale», avais-je écrit à l’ancien ministre de la Culture, sous le règne du père de Mazarine, né dans La Cité des Papes où Jean Vilar créa, en 1947, Le Festival d’Avignon pour célébrer LE THEATRE. 

Al Kanfoudi a gagné un milliard huit cent millions de centimes dans un joli rêve, devenu cauchemar, car sa jolie femme l’a quitté pour aller avec un beau gosse. En se réveillant de son cauchemar, il se sent soulagé et heureux car sa femme est à ses côtés. Jack Lang  est un homme très chanceux et très vicieux car il excelle dans l’art de courtiser les puissants. J’ai encore son image, présente dans ma tête, le montrant sur les plateaux de certaines télévisions françaises où il faisait l’apologie du roi du Maroc, dans le cadre du "Royaume aux mille couleurs". L’ayant rencontré pour la première fois, en septembre dernier, au Musée Mohammed VI d’ Art Contemporain, je lui ai rappelé les lettres que je lui ai envoyées en 2014 et 2019. Il jura qu’il n’avait reçu aucune de mes lettres. « Tenez, monsieur, voici ma carte. Écrivez-moi pour me rappeler quand vous m'aviez écrit». Je lui écrivis, le soir-même, en lui envoyant les copies de mes lettres adressées à ses trois adresses électroniques, et bien réceptionnées par son assistant Émile Deush. 



«Qui de Jack ou de Lang ment le mieux? » écrirai-je, une dizaine de jours plus tard, dans : « Voulez vous feuilleter le programme avec moi », sur  "Les 1ères Assises des Industries Culturelles et Créatives" où Maître Jack avait pris la parole pour faire briller la langue de bois. Oui, j’ai eu en face de moi un menteur et un homme de mauvaise foi que j’ai toujours considéré comme un véritable amoureux et défenseur du théâtre. « L’homme devient une crapule, même s’il a été un idéaliste révolutionnaire », dit, dans L’âme qui brait*, le résistant anonyme, devenu aveugle sous la torture, à un autre résistant anonyme, qui a perdu la vue aussi sous la torture. Ce film à été projeté en 2000 à l’occasion de L’année du Maroc en France à l’Institut du Monde Arabe qui fonctionne comme fonctionnent les Instituts Français au Maroc dont la vocation est de propager la langue et la Culture françaises. 

L’Institut du Monde Arabe est devenu victime du syndrome de la langue arabe, selon lequel la langue arabe, c’est la langue du coran et des musulmans, le coran véhicule la violences, donc les musulmans sont des terroristes.
                                                                           Rabat, le 5 décembre 2019
                                                                                               Nabyl Lahlou

* L’Âme qui brait : quatrième film de Nabyl Lahlou

lundi 2 décembre 2019






LES COMPÉTENCES NE DOIVENT PAS  ÊTRE INCOMPÉTENTES






À l’issue de la représentation de La Chute d’Albert Camus, jouée par Sophia Hadi au Théâtre Le Petit Gymnase, le 15 septembre dernier, une dizaine d’étudiants de L’AMGE, invités à la représentation, proposèrent à Sophia Hadi de revenir à Paris pour rejouer La Chute au profit de L’AMGE : Association des Marocains aux Grandes Écoles. Cette Association est subventionnée par l’Etat français et aidée par la WafaBank et l’OCP. L’AMGE a pour  raison d’être « de suivre l’étudiant marocain, avant, pendant et après son passage en Grande École». C’est une association apolitique dont la vocation est de «contribuer au rayonnement de l’image du royaume du Maroc en France ». Elle a le grand mérite d’avoir invité, deux fois de suite, le brillant député Omar Balafrej pour papoter avec lui , en dehors de la politique, puisque l’AMGE se doit d’’être apolitique. C’est  grâce  à Omar Balfrej que j’ai appris l’existence de l’AMGE que j’ai aussitôt contactée, en 2017, pour proposer mes pièces de théâtre, sans recevoir la moindre petite réponse. Aussi apprendre que des étudiants à Paris s’intéressent au théâtre marocain, m’a beaucoup surpris et étonné, car, exception faite des élèves marocains qui ont découvert, le long de leur scolarité secondaire à  Lyautey ou Descartes la valeur du théâtre, leurs frères, les indigènes de l’enseignement public, ont été pratiquement tous éloignés pendant leur scolarité, primaire, secondaire et universitaire de toute approche avec le magnifique univers théâtral, comme peuvent en témoigner, les cinquante représentations de mes deux  dernières création théâtrales : La Chute et  Ali Ixe  qui ont été vues par une poignée d’étudiants à chaque représentation, malgré des tarifs de 40 ou 30 dirhams  La misère culturelle commence à germer dans les têtes et les esprits de nos enfants,  à partir de l’apprentissage par cœur du coran,  dans les « msid »,  et l’absence de raisonnement dès leur arrivée à l’école publique. Par contre, quand La Chute a été présentée dans les  Centres et Instituts culturels français, les salles étaient pleines à craquer d’élèves, venus des Lycées et des établissements scolaires, relevant de la Mission culturelle française au Maroc. Ne nous étonnons donc pas de voir la francisation du Maroc s’accélérer en se généralisant. Est-ce une bonne politique ? Seul l’avenir nous dira si elle est bénéfique ou désastreuse aussi bien pour le pays que pour les Marocaines et les Marocains. Personnellement, je pense que c’est une  politique de dépersonnalisation de l’identité nationale. 



Aussi les 60 étudiants de L’AMGE, sur 1500  adhérents, qui sont allés, dimanche 17 novembre 2019, s’installer dans les  85  sièges de La Comédie Italienne  pour voir  et écouter un texte aussi riche que complexe, ont dû sûrement mesurer la profondeur de leur ignorance  en découvrant pour la première fois une grande et immense comédienne, dont ils n’avaient jamais entendu parler, comme ils l’ont  reconnu, eux-mêmes. Le gouffre culturel dans lequel pataugeaient au Maroc ces étudiants marocains,  aujourd’hui  inscrits dans les Grandes Ecoles françaises, ne pourra disparaître définitivement que si ces étudiants optent pour la culture et le savoir culturel, et réduisent leurs rencontres autour des barbecues. Ces étudiants marocains des Grandes Ecoles sont appelés à devenir les futurs cadres de demain, dans un pays à la recherche de compétences compétentes et non d’incompétents bardés de diplômes. Car ces futurs cadres ne pourront accéder à l’excellence qu’en se cultivant et en s’ouvrant sur la culture universelle, dont fait partie L’ART avec toutes ses branches que sont le théâtre, le cinéma, la musique, le chant, la peinture, la chorégraphie et la danse. Ces étudiants marocains qui, demain, rentreront au Maroc pour participer à sa rénovation, ne pourront réussir leur tâche que s’ils sont ambitieux et libres, car armés, culturellement, humainement et artistiquement,  par le savoir et la pensée, dont savoir lire et écrire, ce qui est loin d’être le profil des responsables marocains qui gèrent les affaires depuis plus de 60 ans. La robotisation et l’aliénation des nouvelles compétences, doublées de l’asservissement de ces mêmes compétences par l’insoutenable crédibilisation, est une voie qui mène directement vers la faillite des valeurs humaines et spirituelles de toute société qui se matérialise en s’américanisant à outrance. A ce propos, je tiens à dire aux jeunes étudiants, qui dirigent L’AMGE, que la majorité des responsables marocains, du ministre au petit cadre, muni d’un tampon, ne répondent pratiquement jamais aux citoyens qui leur adressent leurs doléances par lettres, ordinaires ou recommandées. Ne ressemblez donc pas à ces mauvais responsables qui gangrènent la marche du pays parce qu’il versent dans la malhonnêteté. Vous avez invité Madame Sophia Hadi pour jouer La Chute au profit de L’AMGE, sans jamais lui avoir envoyé, comme convenu, un contrat ou une convention. Elle est venue de Rabat à Paris pour jouer La Chute au profit de L’AMGE, sans que le comité de L’AMGE lui donne le moindre contrat. Elle est retournée à Rabat sans contrat et sans une lettre de l’AMEGE, stipulant que madame Sophia Hadi a accepté un cachet symbolique pour  présenter  La Chute au profit des étudiants de L’AMGE. Ne soyez donc pas malhonnêtes, car la prise de conscience de la responsabilité et celle de se responsabiliser commence très tôt. Ne ressemblez donc pas aux responsables actuels. Autrement, vous risquez de devenir comme ce vieil étudiant, bardé de diplômes, à qui je ne cessais de répéter : Mon cher Nejjar, il faut que tu rentres au Maroc car le pays a besoin de cadres. Et qui peut mieux fabriquer les cadres pour les photos ou les toiles, si ce n’est le menuisier (nejjar).

                                                                               Rabat 2 décembre 2019
                                                                                 Nabyl Lahlou