LE
FESTIVAL DE CANNES ET SON REGARD INCERTAIN
Le film français SOFIA que ses producteurs français tiennent
à tout prix à nous faire avaler comme étant un film marocain parce qu'ils le
distribuent au Maroc, est un pèse peu, cinématographiquement parlant. Ce pèse
peu, qui frôle le te peu, qui
frôle le téléfilm, a bénéficié de critiques laudatives de la part de plumitifs
de tous genres, dont les disciples continuent à encenser cet ennuyeux pèse
peu. Il est revolu à jamais le temps où les grandes plumes portaient un
vrai regard sur des films par la force de leurs critiques, bonnes ou pas
bonnes, mais souvent justes et pertinentes. Aujourd'hui, l'art d'écrire une
critique n'émane plus de la pensée, mais plutôt des besoins dictés par la
panse. Ce pèse peu, dont les producteurs lui font de la promo dans
un festival israélien, en tant que film représentant le Maroc, parce
qu'il est réalisé par Miryem Benm Barek Aloisi, une réalisatrice
française d'origine marocaine, est visible en ce moment dans l'ancien
cinéma Le Colisée de Rabat, dont les propriétaires, des français du Maroc, qui
sont également les élégants propriétaires de l’hôtel Balima et des
immeubles tout autour, l'ont cédé à un exploitant français,
venu de France. Et c'est grâce à une subvention de trois millions six
cent mille dirhams, accordés par le directeur du Centre Cinématographique
Marocain (CCM) que l'ancien Colisée a pu être partiellement rénové et
divisé en quatre salles, dont la plus grande a accueilli la première du film
SOFIA qui ne m'a ni interpellé ni intéressé ni touché, contrairement au délégué
général du festival de Cannes, Thierry Fremaux qui le sélectionna avant même qu'il soit totalement monté, pour
être présenté dans la section Un certain Regard, en tant que film marocain. Il y a
anguille sous Thierry. Exactement comme ce fut le cas pour Abdellatif
Khechiche, dont le film ADELE fut sélectionné pour la compétition
officielle de Cannes avant d'avoir son montage définitif. Résultat : Palme d'or
pour ADELE. Prix du scénario pour SOFIA. Il y a anguille sous
Fremaux. Comme je l'ai ecrit il y a plus d'une dizaine d'années, le
festival de Cannes est devenu une machine impitoyable qui arnaque plus de
trois mille cinéastes du monde entier, qui envoient leurs films à Thierry
Fremaux, en payant entre cent et deux cents euros, pour leur visionnage,
alors que les sélections des films pour les diverses sections sont faites à
l'avance. Une véritable supercherie pour ne pas dire une arnaque à l'image de
ce tapage médiatique et publicitaire orchestré autour du petit film français
SOFIA parce qu'il ete primé à Un certain regard. Les spectateurs marocains, à
l'issue de la projection de ce film , donné en première dans ce nouveau
Colisée, rénové grâce aux trois millions six cent mille dirhams, accordés
par Sarim Fassi Fihri, le directeur du CCM, n'ont montré que des regards
incertains.. Mais ces mêmes regards ne s'interrogent pas pourquoi le nouveau
Colisée, qui a tapissé tous les murs de son hall et de ses couloirs avec
uniquement des photos portraits de stars, américaines et françaises,
n'a pas pensé à mettre une photo d'une actrice et d'un acteur, marocains.
Heureusement que Monsieur Pierre a tout prévu pour ne pas froisser
l'amour-propre des indigènes que nous sommes devenus, nous autres Marocains,
dans notre propre pays. En effet, le nouveau patron du nouveau Colisée - qui
doit logiquement s'appeler CINEMA ATLAS, a jugé bon de mettre un grand
portrait de son compatriote français Jamel Debbouze, cet artiste français qui
crie haut et fort qu'il esr Marocain..Et pourquoi pas, tant qu'il peut
continuer à tirer profit du pays pour servir la sous-culture française comme il
le fait, via son Festival du rire de Marrakech , et son Comédie Club
Debbouze que lui a offert sa compatriote Samira Sitail qui dirige
2M et qui refuse systématiquement que 2M diffuse un seul de mes neuf longs
métrages de fiction. Quelle honte. Quelle injustice. Quelle arrogance. Quelle
connerie !
Nabyl Lahlou
P.S : En 1983, Nabyl Lahlou a refusé
La Quinzaine des réalisateurs, pour son film .L,'AME QUI BRAIT, qui a été
choisi pour concourir au César du film francophone.
En 1984, Le 3ème film de Nabyl
BRAHIM YACH a été présenté dans la sélection. Officielle du festival de Berlin
/Section Panorama du cinéma méditerranéen.
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