vendredi 25 mai 2012

Lettre au révérend père Gilles Jacob et à son fils spirituel le frère Thierry Frémaux

Lettre au révérend père Gilles Jacob
et à son fils spirituel le frère Thierry Frémaux

A CANNES, PAS DE PLACE POUR LES DEMIURGES REBELLES ET INSOLENTS PA R LEURS CRÉATIONS.

Sur les 1700 films visionnés par le délégué général du Festival de Cannes et son comité de sélection, 22 films ont été sélectionnés pour la Compétition Officielles, dont 13 films sont réalisés par des metteurs en scènes qui ont déjà concouru pour la Palme d’Or, et trois films dont les réalisateurs ont déjà reçu la palme d’Or. Pour ce 65ème Festival de Cannes 2012, j’étais persuadé que mon film Regarde le roi dans la lune allait faire partie des heureux films retenus pour la Compétition officielle. « Mon grand et profond souhait, monsieur le Président Gilles Jacob, et vous, monsieur le Délégué général, Thierry Frémaux, est de vous voir motivés pour voir mon film Regarde le roi dans la lune. Aussi, Je vous dis humblement et humainement que CANNES 2012 doit aussi être mon année. Je le mérite », ai-je écrit à messieurs Gilles Jacob et Thierry Frémaux, dans une lettre accompagnant le DVD de mon Regarde le roi dans la lune que je leur ai envoyé par « chrono-post », le 7 mars 2012. Intrigué et profondément déçu de ne pas voir Regarde le roi dans la lune retenu pour la Compétition Officielle, je me suis interrogé sérieusement si messieurs Gilles Jacob et Thierry Frémaux, ainsi que Comité de Sélection, ont vraiment visionné le DVD de Regarde le roi dans la lune. Me souvenant brusquement de cette réponse que monsieur Christian Jeune, délégué adjoint du Festival de Cannes, m’envoya le 12 mars 2007, suite au visionnage de mon TABITE OR NOT TABITE : « Présentation du film « TABITE OR NOT TABITE » au Comité de Sélection du 60ème Festival de Cannes (16 – 27 mai, 2007). Monsieur Nabyl Lahlou, Nous avons le regret de vous informer que votre film TABITE OR NOT TABITE n’a pas été retenu par le Comité de Sélection du Festival de Cannes ni pour la Sélection Officielle, ni pour la Compétition, ni Hors Compétition ni pour Un Certain Regard. )», j’adresse, le 20 avril 2012, un courriel à monsieur Laurent Rivoire pour lui demander si mon film Regarde le roi dans la lune a été bel et bien visionné par le président du Festival de Cannes et son délégué général. Monsieur Rivoire m’envoie la réponse suivante : « Cher Monsieur, J’ai bien l’inscription de votre film sur notre base, 65B2936, par contre visiblement nous ne l’avons jamais reçu. Etes-vous sûr de nous l’avoir envoyé ? Bien à vous. ». Totalement ébranlé par cette réponse, je pensais sur-le-champ au sabotage, au complot. Et vu que je suis continuellement combattu chez moi, je me suis dit que la contagion a peut-être atteint les deux patrons de Cannes, messieurs Gilles Jacob et Thierry Frémaux, par qui les portes de Cannes s’ouvrent ou se ferment. Pourtant, madame Nicole Petit, l’assistante du président Gilles Jacob, m’a bien confirmé au téléphoné qu’elle avait bien reçu le DVD de REGARDE LE ROI DANS LA LUNE ainsi que ma lettre, en double exemplaires, adressée à messieurs Gilles Jacob et Thierry Frémaux.
Aussi, suite à la réponse de monsieur Rivoire qui me dit que le DVD de mon film est introuvable, j’adresse un message électronique à monsieur Christian Jeune pour m’interroger sur le sort qui a été réservé au DVD de REGARDE LE ROI DANS LA LUNE. L’adjoint du délégué général du Festival de Cannes, me répond avec gentillesse et tact : « Cher Nabyl Lahlou, Je suis désolé de ce malentendu. En effet, nous avons bien retrouvé le DVD que vous aviez envoyé à Thierry Frémaux. Nous avons organisé aussitôt une projection pour le comité de sélection au complet avec Thierry. Si le film a suscité beaucoup d’intérêt de leur part, il a été cependant décidé qu’il ne serait pas sélectionné. D’autres films étaient également en attente et il a fallu faire des choix. Nous vous remercions de nous l’avoir présenté et nous souhaitons au film une belle carrière. ».
Depuis que j’ai décliné, en 1984, de donner mon film L’ÂME QUI BRAIT, à la Quinzaine des réalisateurs, préférant la compétition officielle, je pense que les dirigeants de CANNES ne me portent pas dans leurs cœurs. C’est vraiment triste et décourageant de la part de Thierry Frémaux et du comité de sélection de ne pas avoir retenu mon film REGARDE LE ROI DANS LA LUNE, pour ouvrir la voie à un cinéma totalement différent de ce qui en cours dans les petites et insignifiantes cinématographies arabes.
Ne pas avoir retenu pour le compétition officielle REGARDE LE ROI DANS LA LUNE, ce film qui condamne toutes les formes de colonialisme, économiques et culturels, qui condamne toutes les dictatures, ce beau film, ce tendre film, cet original film qui chante la liberté de vivre dans la dignité et l’honneur, la liberté de pouvoir créer par le théâtre et le cinéma, la liberté d’exister grâce à l’art, porteur de nos espoirs, ne pas retenir donc ce film, est une autre façon de la part de messieurs Gilles Jacob et Thierry Frémaux de prendre part à la marginalisation des grands créateurs solitaires, déjà marginalisés et combattus dans leurs propres pays. Pas de festival de Cannes pour les créateurs et les démiurges rebelles et insolents par leurs créations.
Il faut faire patte blanche, acte d’allégeance pour être accepté dans le cercle des dirigeants de Cannes. A moins d’être un cinéaste iranien persécuté par les Ayatollah !
C’est triste. Mais la vie est ainsi faite, ainsi que les festivals qu’ils soient prestigieux ou insignifiants.

Rabat 21 mai 2012
Nabyl Lahlou


Lettre publiée dans l’hebdomadaire LA VÉRITÉ du 25 mai 2012.

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