vendredi 9 janvier 2015

En marge de l’abominable, lâche et barbare assassinat



En marge de l’abominable, lâche et barbare assassinat de journalistes, de quatre grands créateurs caricaturistes de Charlie Hebdo, et de deux policiers, j’exprime ma solidarité n ainsi que mon dégout et mon indignation, tels que je les avais exprimés, dans cet article que j’avais écrit le 16 mars 1994, suite à l’assassinat par des intégristes du grand écrivain de théâtre et metteur en scène algérien  Abdelkader Alloua.
                                                                                                 Nabyl Lahlou


AU SUIVANT...
                                                              
Le terrible dessin de Plantu, illustrant, en première page du Monde, la mort, la mise à mort de l’écrivain algérien Tahar Djaout, continue de me hanter et d’habiter ma mémoire. Et chaque fois que je revois ce dessin, je me mets à trembler en pensant que l’ignorance est une gangrène pour la Lumière. L’ignorance est génératrice de fanatisme et d’obscurantisme. L’ignorance,  quand elle est généralisée dans les esprits et enracinée dans les cœurs et les regards, se transforme en « science » purificatrice, en système de nettoyage et en outils de liquidation de tous ceux qui pensent autrement et croient avoir le droit de penser autrement. La haine d’installe et les dérapages - contrôlés, ou incontrôlés -  font des victimes, que ce soit par calcul, ou par simple dénonciation, relevant du règlement de compte. Cela s’est vérifié à travers les siècles de notre histoire. Mais à travers l’Histoire, l’Histoire de la Civilisation arabo-musulmane, du temps de sa grandeur,  jamais les penseurs, les poètes, les écrivains, les dramaturges, les artistes et les musiciens, n’ont fait l’objet de liquidations physiques , de tentatives d(assassinat, ou de mise à mort, au nom de la religion.
Les penseurs sont à l’origine de toutes les civilisations. L’humanité  peut en être fière  car c’est grâces à eux, aux poètes, aux écrivains, aux dramaturges, aux artistes et aux musiciens, que l’amour de l’humanité continue d’exister à travers l’amour de l’Homme pour l’homme  la défense de l’être, l’Homme, dans ses droits et dans sa dignité pour sa liberté et son épanouissement, qui doivent demeurer des remparts contre toute dictature, contre toute ignorance, toute haine destructives, contre tout fanatisme dévastateur et meurtrier
Jamais, à travers l’Histoire, une nation ne s’est aventurée à tuer ses penseurs, ses fils, qui ont choisi de penser, chacun à sa manière, que ce soit  par le livre, la plume, le journalisme, le théâtre, la télévision, le cinéma, la médecine, la peinture ou la poésie. Mais voilà que cela quotidiennement en Algérie, cette Algérie pour laquelle j’ai versé des larmes de joie, comme tous les marocains, le jour de son Indépendance...
Le coran dit : « Nous vous avons sortis des ténèbres vers la Lumière ».
Les lumières se sont éteintes pour toujours pour Alloula.  Il ne fera plus jamais son salut d’artiste. Et le salut de l’Algérie réside dans sa force et  dans l’unité de son peuple ; dans la puissance de ses penseurs, de ses intellectuels, de ses poètes de ses  écrivains  et ses théologiens, libres et indépendants, face à tout pouvoir  dictatorial.
Prévert disait : « Il est dur le bruit de l’œuf dur cassé sur un comptoir d’étaim.il est dur le bruit de l’homme qui a faim.»
Ah !  ce qu’il es dur le bruit de la balle qui tue la pensée innocente, la pensée  libre et rebelle.
« Au suivant... »,  Chantait Brel dans une histoire sordide.
Qu’il n’y ait plus jamais de suivant, après ALLOULA, dans cette histoire sordide qui divise et ravage des frères.
                                                                                    Rabat. 16 mars 1994
                                                                                    Nabyl Lahlou  

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire