lundi 23 décembre 2019

L'ANGLETERRE NOUS AURAIT-ELLE PIQUÉ L'IDÉE DU ROI SUR LE CHEVALET?




Je me suis souvent demandé qui pourrait être ce fervent serviteur du trône qui a eu l’idée de mettre le portrait du souverain sur un chevalet en bois, commun et ordinaire. Ainsi nous nous sommes habitués, pendant le règne de Hassan II, et maintenant, sous le règne du roi Mohammed VI, à voir les portraits du roi sur des chevalets, posés sur les estrades, sur le devant des scènes des théâtres et des cinémas, à l’occasion  de la tenue de conférences, de colloques, de festivals de cinéma et de théâtre, ou encore pendant les fêtes religieuses. Ces portraits du roi sur le chevalet sont rapidement enlevés et mis dans des placards, des caves ou dans les coulisses, aussitôt le rideau tombé sur l'événement qu'il soit officiel, ou privé. Aucune administration, aucune institution ne peut se passer de la présence du portrait du roi sur le chevalet. Le seul événement qui ne marche pas dans cette "tradition" obligatoire d’exhiber le portrait du roi sur un chevalet, est le festival international du film de Marrakech. Imaginons quelles réactions négatives, pour le pays et son roi, déclencheraient les télévisions européennes, présentes au festival, si elles diffusaient, pendant des secondes bien calculées, les cérémonies d'ouverture et de clôture en présence du portrait du roi sur le chevalet, debout près du jury international.


Ma fille aînée, Assad, issue de mon premier heureux mariage, est née à Rabat mais a grandi en France qu’elle a quittée pour aller s’installer en Angleterre. Après plus de vingt ans passés à Londres, elle vient d’obtenir la nationalité britannique. Je suis très heureux pour elle et pour son conjoint, un pur sujet de Sa Majesté la reine Élisabeth II. La photo de la cérémonie, la montrant heureuse en train de recevoir des mains du maire son certificat de naturalisation, se passe dans un bureau simple où sur un joli chevalet stylisé et ciselé en argent, est posé le portrait de la reine Élisabeth II. En voyant la reine sur le chevalet, j’ai sursauté en me disant que l'Angleterre nous avait piqué notre idée du roi sur le chevalet. J’ai aussitôt téléphoné à ma fille pour lui demander de se renseigner au sujet de la date de mise sur le chevalet des portraits des reines et des rois d’Angleterre. Et pour plus de sûreté, j'ai envoyé un sms à Son Excellence l'ambassadeur de Sa Majesté Élisabeth II, Thomas Reily qui, lors d’une garden party organisée en juin dernier à sa résidence pour célébrer l’anniversaire de la reine Elizabeth il m’avait donné sa carte de visite puis montré ses chaussettes, frappées à l'effigie du drapeau de Grande Bretagne. J'ai apprécié le côté je-m'en-foutiste de cet ambassadeur que j'ai invité à venir au théâtre Mohammed V pour voir LA CHUTE d'Albert Camus, interprétée par Sophia Hadi qui était à mes côtés. L'invitation que nous lui avons envoyée, a mis deux mois avant d'atterrir au bureau d'ordre de l'ambassade britannique.


Sir Thomas Reily daignera-t-il répondre  à mon sms? Sinon, je ne saurai jamais qui, du Maroc, ou de l'Angleterre, a eu, le premier, l'idée de mettre le roi ou la reine sur un chevalet. 


Lundi 23 décembre 2019
Nabyl Lahlou

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