samedi 5 juin 2021

PAS DE PALME D’OR POUR NABYL LAHLOU

 Lettre ouverte aux jeunes cinéastes marocains. 

PAS DE PALME D’OR POUR NABYL LAHLOU


Pour son soixantième anniversaire en 2005, le Festival International du Film de Cannes avait choisi et retenu pour sa Compétition officielle vingt-deux films sur les 1 645 longs métrages que lui avaient envoyés leurs réalisateurs. Pour mes soixante ans, j'ai adressé, le 5 février 2005, une lettre à Gilles Jacob, Président du Festival de Cannes, lui disant : « Je ne sais si mon nouveau film Tabite or not Tabite pourra être prêt pour le prochain Festival de Cannes qui va se tenir du 17 au 28 mai 2005. Ah ! Comme j'aimerais que mon nouveau film soit retenu pour la Compétition officielle et qu'il gagne la Palme d'or. Quel bonheur sera pour moi de recevoir cette Palme d'or pour l'offrir à ma fille Mariakenzi qui fêtera ses treize ans, le 28 mai 2005, jour de la cérémonie de clôture et de la remise des Prix et de la Palme d’or ».  

Pas de Palme d'or pour Tabite or not Tabite, en cette soirée du 28 mai 2005, car le film n’était pas prêt ; il ne le sera qu’en début de juin 2006. Lorgnant la jolie broche en or, j’ai envoyé, début mars 2007, un dvd de Tabite or not Tabite à l’attention de Gilles Jacob et du comité de sélection qui, le feu au cul, me répond dans les 24 heures : « Votre film TABITE OR NOT TABITE n'a été retenu ni pour LA COMPETITION OFFICIELLE, ni pour UN CERTAIN REGARD ni pour LA CAMERA D'OR. ». À cause de son titre, ils ont pris Tabite or not Tabite pour un film porno. Il faut être stupide pour croire que le comité de sélection du Festival de Cannes peut, d'une manière objective et honnête, visionner, calmement et scrupuleusement, 1 645 films, représentant une moyenne de 3 000 heures de projection, sans commettre des injustices et des favoritismes. Dès lors, je peux affirmer que le choix pour les futures sélections et pour la future Compétition Officielle de 2008, sont déjà arrêtés, du moins pour certains cinéastes et producteurs, amis et proches du Président du Festival, Gilles Jacob, et de ses collaborateurs. 

Pour sa 74ème cuvée 2021, le Festival de Cannes, qui n’a pu se tenir l’année dernière, à cause du Coronavirus, a reçu et visionné 2 300 longs métrages dont 23 ont été choisis et retenus. Parmi les 23 gagnants de cette louche loterie, le publiciste-producteur de sitcoms, de feuilletons télévisés, de téléfilms et de capsules, le réalisateur franco-marocain Nabil Ayouch, avec son film franco-marocain : HAUT ET FORT, un titre imposé par la partie productrice française, car le titre original du scénario pour lequel Nabil Ayouch a obtenu du Fonds d’aide à la production cinématographique marocaine (l’avance sur recettes), la somme de 3 600 000,00 dirhams, dont les deux tiers iront probablement à ses comptes bancaires, était POSITIVE SCHOOL. Tout comme son film LES ETOILES DE SIDI MOUMEN, devenu LES CHEVAUX DE DIEU, titre imposé par la partie productrice française.

Avec Thierry Frémaux, ancien responsable, chargé de réceptionner les films,  envoyés par leurs réalisateurs au Festival Cannes, un homme que j’ai eu au téléphone, en 2004, pour m’assurer s‘il avait bel et bien reçu la copie en 35 mm de mon film Les Années de l’exil, le Festival de Cannes a perdu de sa crédibilité, comme le prouve le film ADELE, un fesse-tival de fesses, choisi par Thierry Frémaux pour concourir et gagner la Palme d’or qu’il a remportée, alors qu’il était encore en plein montage. Aussi, en offrant la Compétition Officielle sur un plateau de thé à un faiseur de téléfilms, de séries télévisées, de feuilletons et de sitcoms marocains, souvent creux, incolores et sentant mauvais, Thierry Frémaux montre que l’éthique du Festival de Cannes est bel et bien bradée grâce au copinage.

Je trouve scandaleux et révoltant que Nabil Ayouch, qui demeurera à mes yeux un brillant ramasseur d’argent, devenu, en l’espace de deux décennies, un homme très riche, un milliardaire qui se la coule douce entre Casablanca et Paris, a pu empocher, haut-la-main, la somme de 18 000 000, 00 de dirhams pour la production de cinq petits films, franco-marocains, à 80% réalisés par des techniciens étrangers. Je trouve également étrange qu’en l’espace de trois ans, Miriam Touzani, l’épouse du milliardaire Nabil Ayouch, reçoive du Fonds d’aide à la production cinématographique marocaine (l’avance sur recettes), la somme de 7 900 000,00 dirhams pour ses deux premiers longs métrages. 

S’il y a un créateur qui doit être scandalisé, dégoûté et en colère, c’est bien moi, l’immense créateur Nabyl Lahlou, qui n’a reçu du Fonds d’aide à la production cinématographique, de 1985 à 2010, que la somme de 7 100 000,00 dirhams pour mes cinq films, cinq grands films à 100% marocains.

Heureusement que le nouveau modèle de développement, qui vient de recevoir la bénédiction royale, va pouvoir mettre un terme définitif aux favoritismes et aux privilèges ainsi qu’aux arnaques et escroqueries qui découlent des productions de films, téléfilms, feuilletons et autres séries télévisées et sitcoms dont profitent et continuent de profiter les mêmes personnes

Nul n’est prophète en son pays, les nuls en profitent énormément.

 

Rabat 5 juin 2021

Signé Nabyl Lahlou

    


 


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire