mercredi 23 novembre 2011

QUATORZIEME ET DERNIERE LETTRE AU DIRECTEUR GENERAL DU CCM

     
FAUT-IL -IL PRIVATISER LE COMPLEXE CINÉMATOGRAPHIQUE MAROCAIN?

En 1970, le Maroc possédait plus de 400 salles de cinéma. Pendant la même période, le Centre Cinématographique Marocain qui accordait les visas d'exploitation des films, et dont la mission première était de filmer "Les Actualités Marocaines", c'est à dire les activités royales, ne comptait en son sein qu'une quarantaine de fonctionnaires et de techniciens dont ceux du laboratoire d'Aîn Chok à Casablanca.
Aujourd'hui, c'est à dire en ce mois de novembre 2011, et plus exactement, à la  veille des élections législatives du 25 novembre 2011, notre pays ne compte plus que 40 salles de cinéma dont 23 sont la propriété d'un seul  distributeur et exploitant de films : Monsieur Jean Pierre Lemoine,  (Mégarama de Casablanca et Marrakech)
Le laboratoire  d'Aich Chok pour le développement et le tirage des films qu'il tirait et développait en noir et blanc avec une belle réussite, et réussissant les effets demandés comme le fondu enchainé, par exemple. Ce laboratoire a été malheureusement condamné à la fermeture  pour être remplacé par l'actuel laboratoire couleur qui  commença à fonctionner  en 1982, avec des fonctionnaires convertis en techniciens, des techniciens fonctionnaires qui depuis 1982 jusqu'à aujourd'hui, ne sont toujours pas arrivés à réussir un fondu enchaine. Ils nous ont fait voir et nous font voir de toutes les couleurs.C'est pourquoi, dès 1984, tous les faiseurs de films marocains, qui étaient argentés,  partaient à l'étranger pour développer et tirer leurs films.
la politique cinématographique marocaine, poursuivie depuis 1982 jusqu'à maintenant,2011, n'a jamais imposé aux cinéastes marocains,  l'utilisation obligatoire du laboratoire et de l'auditorium du Cinématographique Marocain. A cause de l'absence de textes et de lois, les faiseurs de films marocains continuent d'aller à l'étranger pour  faire tous les travaux relatifs à la réalisation finale de leurs films au niveau du développement, du tirage, du kinescopage, du montage et du mixage..
Et quand le créateur que je suis, qui a toujours exigé des cinéastes marocains et continue de le faire, de faire les travaux de leurs films au Complexe du Centre Cinématographique Marocain, je ne récolte pour mon honnêteté qu sabotage et coups bas.
En voici la triste réalité dans cette lettre que j'envoie au directeur général du CCM

Rabat le 23 novembre 2011
Nabyl Lahlou
 

Monsieur Nour-Eddine Sse de lAÎL

Directeur général

du Centre Cinématographique Marocain



Objet : Sabotage délibéré du mixage de mon film
                    Regarde le roi dans la lune


Monsieur le directeur général du CCM,
                                                              
Suite à la lettre de que j’ai écrite et envoyée, le 09 novembre 2011, à monsieur Mohamed Sabiri pour protester contre le sabotage délibéré qui a frappé la fin du mixage de mon film Regarde le roi dans la lune, je vous informe que le fonctionnaire du CCM, le technicien mixeur Aziz Zitouni qui a pré-mixé, sous ma direction, les quatre premières bobines du film, ne mérite pas de finir le mixage de Regarde le roi dans la lune.
Ayant pris connaissance du contenu de ma lettre de protestation que j’ai adressée à monsieur Mohammed Sabiri, directeur de l’auditorium et du laboratoire, et n’ayant pas pu accepter la vérité, contenue dans ma lettre, le technicien mixeur Aziz Zitouni,  me dévoile son vrai visage, son ignorance et son incompétence professionnelles. Ainsi, lorsque je lui demande, en présence de monsieur Sabiri et madame Sanae, quand est-ce qu’on peut reprendre le mixage du film, il me répond sur un ton désagréable : Reprends ton disque dur et va finir le montage son, car je ne veux pas mixer un film  dont le son n’a que deux pistes. Calmement, je rappelle à cet unique mixeur du CCM que le mixage des quatre bobines du film, a été fait avec des bobines chacune ayant huit pistes de son. Ne pouvant dire le contraire, il me demande, toujours en présence de monsieur Sabiri et madame Sanae,  de lui signer un papier comme quoi j’accepte qu’il mixe mon film Regarde le roi dans la lune dans l’état qu’il est. Sur ce je lui fais comprendre qu’il ne continuera plus le mixage de mon film, et lui demande de transférer le pré-mixage sur mon disque dur. Il me répond, toujours en présence de monsieur le directeur général du CCM, que pour cette opération il faut que je paye 22 000,00dirhams aux anglais pour pouvoir mettre le pré-mixage dans le disque dur.
Je tiens à vous dire, monsieur le directeur général du CCM, que lorsque nous avons entamé le pré-mixage de mon film Regarde le roi dans la lune, Aziz Zitouni a fait son travail correctement,  écoutant et exécutant mes directives. Il n’a jamais posé la moindre petite question. Je tiens également à vous dire, monsieur le directeur général du CCM, que si les quatre bobines du film Regarde le roi dans la lune, ont pu être pré-mixées en l’espace de cinq heures, c’est parce que le film Regarde le roi dans la lune, a été déjà préparé pour le mixage, sur huit pistes, pendant son montage image et son sur Final Cut. Aziz Zitouni n’a fait, sous ma direction et mes directives, que faire son travail de mixeur en enregistrant ma voix et celle de Sophia, qu’il rajoutait directement. Il n’a fait, sous ma direction et mes directives, qu’harmoniser les voix, équilibrer les sons, mettre de l’écho quand il le faut,    de la poésie à l’emplacement de la musique, rajouter quelques bruitages qu’il trouve rapidement sur internet. Un travail qui ne demande aucun effort physique, sauf de la sensibilité et du savoir faire artistiques.  Ce technicien est très louche à mes yeux.
Croyez-moi, monsieur le directeur général du CCM, tant que l’auditorium du Complexe Cinématographique Marocain ne dispose que d’un seul technicien pour mixer les film, comme c’est le cas avec  Aziz Zitouni,  les réalisateurs marocains qui n’ont pas les moyens d’aller en Europe mixer leurs films, (comme le fait la majorité des cinéastes marocains et franco-marocains), et la direction de l’auditorium seront et resteront toujours les otages  de cet unique technicien mixeur qu’est Aziz Zitouni qui, de retour de sa mission en France, se permet de me dire, quand je lui demande de reprendre le mixage, que mon film Regarde le roi dans la lune (dont la première partie a été tournée en 25 images / seconde et la deuxième en 24 image / seconde), ne pourra jamais être projeté dans les salles de cinéma, parce que les salles de cinéma ne projettent que les films tournés en 24 images / seconde. Quel aplomb de la part de cet  ignorant, fier d’étaler son ignorance et sa mauvaise foi et son sens inné du sabotage. Ce même Aziz Zitouni qui, pour les besoins du montage en numérique de mon film Regarde le roi dans la lune, avait transformé le son du film tourné  en 24 images / seconde,  en 25 images / seconde.
Je vous le redis, monsieur le directeur général du CCM, jamais un auditorium qui se respecte ne peut laisser un de ces techniciens qui a commencé le mixage d’un film, et est sur le point de le finir, de partir en voyage en arrêtant le mixage pour lequel il a été engagé, comme  ce qui arrive à moi et à mon film.
Moi qui ai toujours défendu le laboratoire et l’auditorium du CCM, depuis leurs inauguration en 1981, moi qui ai toujours dit qu’il faut que les cinéastes marocains travaillent et fassent travailler les techniciens marocains, je ne peux que souhaiter  voir  l’auditorium du CCM disposer de plusieurs vrais ingénieurs du son, sortis des grandes écoles de cinéma, et non de ces « msid » où l’enseignement du cinéma est une véritable calamité .
Pour finir cette lettre qui sera sûrement la dernière lettre que je vous écris et vous envoie, je tiens à vous dire que depuis le mois de mai dernier, je n’ai cessé de frapper aux portes pour trouver de quoi tourner les trois scènes importantes qui manquent à mon film. J’ai essayé d’intéresser le prestataire de service, Latif  Lahlou, à participer à la fin du tournage de mon film, mais il n’a rien voulu savoir, même pas me recevoir. Ce cinéaste n’a aucun sens de la solidarité. A propos de solidarité, j’ai aussi demandé au cinéaste et propriétaire du journal Al Massae,  Mohamed Asli, de me donner un coup de main  pour finir mon film. Mohamed Asli accepte de me prêter la somme de cent mille dirhams somme qui pourrait servir à réaliser la première scène du film, qui nécessite l’installation d’une salle de cinéma en plein air. Mais une fois que je lui envoie la convention pour signature, Mohammed Asli disparaît et ne donne aucune réponse. Ce cinéaste n‘a pas de parole. 
Comme vous pouvez le constater, je ne fais que frapper aux portes, y compris la vôtre, pour pouvoir terminer le tournage de mon film Regarde le roi dans la lune, arrêté de puis le 15 avril dernier. Aussi, n’ayant toujours pas reçu de réponse écrite de votre part, à la 13ème lettre que je vous ai écrite et envoyée, le 26 octobre 2011, je crains , s’il n’y a pas de réponse encourageante, que mon film Regarde le roi dans la lune, ne puisse prendre part au prochain Festival National du Film qui va se tenir à Tanger du 12 au 21 janvier 2012. Cependant, je souhaite de tout mon cœur que Regarde le roi dans la lune puisse être présent à  cette fête cinématographique nationale.
Veuillez agréer, monsieur le directeur général,  l’expression de mes salutations distinguées.

            Rabat, 15 novembre 2011 
Signé Nabyl Lahlou



 
 

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