mercredi 9 novembre 2011

LA SOURCE DE TOUTES LES EXPLOITATIONS

 
Lettre ouverte à monsieur le ministre de la Communication
LA SOURCE DE TOUTES LES EXPLOITATIONS

En 1967, à la Maison du Maroc à Paris, j’avais mis en scène la pièce de théâtre « Lysistrata » d’Aristophane qui parle de femmes grecques ayant décidé de ne plus coucher avec leurs bonshommes, de ne plus faire l’amour avec leurs hommes, tant que ces derniers continuent de faire la guerre. Dans cette pièce, écrite par le plus caustique des dramaturges grecs, j’ai fait vivre la première grève du sexe de l’humanité, dans une ambiance carnavalesque dans laquelle les soldats, incapables de maîtriser leurs douloureuses érections, acceptent de ne plus faire la guerre. Et c’est sur un dispositif scénique, montrant un champ de bataille couvert de boules de spermes coagulé, que ma Lysistrata s’était déroulée pendant un mois de répétitions mais sans voir le jour car était trop avant-gardiste.
Cette grève du sexe, imaginée par Aristophane, il y plus de 2400 ans, aurait pu nourrir et enrichir le film français « La source des femmes », tourné totalement au Maroc, dans un village qui semble surgir du moyen-âge byzantin, à l’image de Fertassa, petit village situé à trois kilomètres de Moulay Idriss Zerhoun, qui servit, pendant plusieurs mois, de plateau de tournage du film  « Jésus » de Franco Zefferilli.
Ces villages qui sortent de nulle part, nous rappellent que notre pays, hélas ! est à des années lumières de pouvoir offrir à ces citoyens, le  minimum du  bien-être.     
Notre pays et ses citoyens qui acceptent de faire de la figuration, ainsi que nos « vedettes » et « stars », comédiens et comédiennes, qui acceptent également de faire de jouer de tous petits rôles ou de faire de la figuration intelligente , sont bradés, pour ne pas dire jetés en pâture, aux sociétés étrangères qui, grâce aux voraces prestataires de services marocains, qui n’ont aucun scrupule, ont bel et bien compris que réaliser leurs films dans notre pays,  c’est économiser des millions de dollars ou d’euros.
Comment « La source des femmes », qui est un film à 100% français, a-t-il pu bénéficier de la part du ministère de la Communication de l’équivalent de 800 000,00 dirhams, représentant le coût des passages publicitaires pour la commercialisation de ce film dans les salles de cinéma dans notre pays ?
Seuls les films marocains ont le droit de bénéficier de ce soutien pour leur commercialisation.
Pour bénéficier de ce soutien, il faut que le réalisateur du film en fasse la demande par lettre, adressée au ministre de la Communication, précisant que le film est marocain et que son réalisateur est marocain.
Or, Radu Mihailean, le réalisateur de « La source des femmes », est un réalisateur français. Et c’est en tant que français que son film français a été retenu à cannes ; et c’est en tant que français qu’il est invité aux plateaux des télévisions françaises, avec à ses côtés, sa douce Bekhti, sa belle dulcinée, pour parler et promouvoir  son film,  « sa source », d’où coulent un folklore marocain carte postale.
Qui a donc permis au film« La source des femmes », de bénéficier des spots publicitaires pour sa commercialisation ? Qui a violé le règlement qui régit ce soutien ?
Quant je vois avec une profonce tristesse et une déception sans fin que nos deux télévisions nationales demeurent fermées aux cinéastes nationaux, et que ce sont les étrangers qui y sont les bienvenus pour parler de leurs films, je ne peux que vous dire, monsieur le ministre de la Communication, combien que je hais profondément et condamne vigoureusement cette politique abjecte, basée sur le favoritisme et le mensonge, que poursuivent pour le bien être de leurs proches et amis, le président directeur général du parti unique qu’est la SNRT, et ses acolytes.

Rabat le 10 novembre 2011
Nabyl LAHLOU




 



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